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Mayotte: qu’est-ce que la journée de deuil national en hommage aux victimes du cyclone Chido?

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Neuf jours après le passage du cyclone Chido à Mayotte, une journée de deuil national a lieu ce lundi. Un hommage symbolique aux victimes, alors que sur place, les besoins restent très importants.

Une journée de deuil national en France, ce lundi, en hommage aux victimes du cyclone Chido qui a ravagé Mayotte. Le bilan provisoire fait état de 35 morts et plus de 3.000 blessés. Et les autorités françaises redoutent un bilan bien plus lourd, alors que les bâtiments et cases des bidonvilles ont été balayés par les rafales.

Ce n'est que la 10e fois que le deuil national est décrété sous la Ve République, le plus souvent pour la mort d'anciens présidents de la République (Charles de Gaulle, Georges Pompidou, François Mitterrand, Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing). Et c’est en mémoire de Valéry Giscard d’Estaing que le deuil national avait été décrété pour la dernière fois, le 9 décembre 2020.

Tous les Français sont donc invités à se recueillir à 11h. Et il y aura une minute de silence dans tous les services publics. Le deuil national n'est pas une cérémonie, à la différence de l'hommage national et des obsèques nationales. Il ne s'agit pas non plus d'un jour férié. Il existe peu de dispositions juridiques sur la façon dont doivent se tenir ces journées, mais les drapeaux sont mis en berne sur les bâtiments et édifices publics.

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A Mayotte, "besoin d’électriciens et de soignants"

Sur place, à Mayotte, journée d'hommage n'apporte que peu de réconfort aux habitants. Voir les drapeaux en berne dans tous les bâtiments publics du pays aujourd'hui, ça touche Jérémy, moniteur d'auto-école dans le centre de l'île. "C’est bien de le faire. C’est la moindre des choses pour les Mahorais qui ont été victimes. Ça prouve qu’il y a un peu de considération alors que tout au long de l’année, on n’en a pas énormément", souligne-t-il.

Mais cette journée d'hommage n'est pas arrivée aux oreilles de beaucoup d'habitants, toujours privés d'électricité et plongé dans les réparations, comme Camille, qui habite au sud de Mamoudzou. "On ne savait pas. Et franchement, ça ne nous intéresse pas. Je ne vois pas ce qui va se passer de plus. Ça ne va pas changer grand-chose. Nous, on a besoin d’électriciens et de soignants", réclame-t-elle.

Alors que les besoins sont immenses, ce deuil national décrété ne résout rien sur le fond, d'après Sébastien, gérant d'hôtel à Koungou. "Le symbolique, c’est bien. Mais concrètement, la préoccupation première de tout le monde, c’est le quotidien: ce qu’on va pouvoir boire, manger. C’est là-dessus qu’il y a besoin de beaucoup d’aide, et très rapide", presse-t-il. Avant d'abréger en s'excusant: "Désolé, je dois repartir faire la queue au supermarché pour m'approvisionner".

Mayotte: "Surpris du peu de morts déclarés"

Sur RMC, Françoise Sivignon, vice-présidente de Médecins du monde, explique que ses bénévoles mobilisés à Mayotte sont "surpris du peu de morts déclarés". "On les a tous les jours au téléphone, mais c’est compliqué car le réseau téléphonique reste chaotique. Sur toute l’équipe, il nous manque des nouvelles de deux bénévoles. Tant qu’on n’aura pas de leurs nouvelles, on reste très préoccupés. Les autres vont bien. Ils ont été évidemment traumatisés. Ils sont tous subi des dommages dans leurs habitats. Ils sont surpris du peu de morts déclarés. On en est à 35 et environ 2.500 blessés. Il y a pas mal de facteurs qui peuvent expliquer ça. On est surpris dans le bon sens dans des zones surpeuplées, avec un habitat précaire, de ne pas avoir un bilan humain plus lourd que ce qui a été annoncé officiellement. Ils nous disent que dans les bidonvilles, il y a un très grand silence qui règne. On voit très peu de personnes se déplacer. Ils n’ont pas plus d’explications. Par rapport aux autres crises, pour nos bénévoles, c’est très en désaccord."

Laurent Picat avec Alfred Aurenche