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Mayotte sous le choc après le cyclone Chido: "C’est toujours l’apocalypse, on s’attend au pire"

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Près de 48 heures après le passage du cyclone Chido, les scènes de désolation se multiplient à Mayotte. Un archipel complètement défiguré, où les habitants manquent de tout. Le bilan est encore très provisoire ce lundi matin: 14 morts et 250 blessés. De nombreuses zones sont toujours inaccessibles aux secours.

C'est le cyclone le plus intense depuis plus de 90 ans à Mayotte. Chido a dévasté l'archipel français. Au moins 14 morts et 250 blessés, des centaines de milliers de bâtiments soufflés, des poteaux électriques et des arbres fauchés. La plupart des routes sont impraticables, l'aéroport est endommagé. Des premiers secours sont arrivés dimanche en fin d'après-midi, sur une île en plein désarroi.

"Je viens d’arriver à la préfecture, où se trouve la cellule de crise et où la toiture a aussi été emportée, raconte Salama Ramia, sénatrice Renaissance de Mayotte, sur RMC ce lundi matin. J’ai dû traverser les deux communes. C’est toujours l’apocalypse, avec des dégâts qui sont énormes. Les gens travaillent, le moral est là. On avance. Le plus important, c’est de se relever. Quand vous voyez toutes ces collines où il y avait des cabanons et que tout est désert, vraiment désert, vous vous dites forcément qu’il y avait une population qui était là et on ne la voit pas. On se demande où elle est. Je ne m’avancerai pas sur des chiffres. Mais je viens d’échanger avec le préfet et j’ai aussi ressenti cette inquiétude. On s’attend vraiment au pire."

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La crainte des épidémies à Mayotte

Sur le téléphone d'Ibrahim, il y a ces images d'une île comme aplanie par les vents, quelques rares bâtiments encore debout au milieu d'un sol jonché de débris.

"Quasiment tout Mayotte a été rasé par la tempête. C’est comme si on avait lâché une bombe. Même les arbres, la route, tout...", raconte-t-il.

Il dit n'avoir plus la force de pleurer. Dans sa mémoire, gravées, il y a ces images du cyclone. “La toiture s’est envolée et on a même vu des murs en béton tomber par terre. On a eu des voisins qui se sont blessés. Là, ça ne sert à rien d’appeler les secours, car ils ne se déplacent pas tellement ils ont de boulot”, indique-t-il.

Les routes encombrées, Abdul les a filmées lui aussi. Tôles, matelas, carcasses de voiture entremêlés, et des familles endeuillées.

“J’ai vu une personne en train de creuser une tombe au bord de la route. J’ai vu deux enterrements aujourd’hui”, confie-t-il.

Sidéré, le jeune homme s'inquiète pour les jours à venir. “Il n’y a pas d’eau, pas d’électricité… Si les gens consomment de l’eau qui n’est pas bonne à boire, ça peut amener des épidémies”, craint-il. La nourriture va aussi manquer rapidement, soulignent ces habitants qui peinent à voir le bout de l'épreuve.

"Un défi qu’on n’a jamais connu" selon la Sécurité civile

L'enjeu sanitaire, c'est bien l'une des principales préoccupations de la Sécurité civile. "Le risque sanitaire est évident sur ce type de catastrophe, explique le colonel Alexandre Jouassard, porte-parole de la Sécurité civile. On a entre 400.000 et 500.000 personnes sur l’île. L’épidémie (de choléra) était déjà existante avant la crise, donc on en a déjà conscience. Nous avons déjà des stocks tampons qui étaient présents en lien avec la crise de l’eau il y a quelques mois."

Et des renforts arrivent à Mayotte. "On va monter à 800 personnels dans les 48-72 heures pour la Sécurité civile, indique le colonel Alexandre Jouassard. On a aussi des renforts qui viennent sur la partie sécurité, santé. On échange entre ministères, entre directions générales, pour coordonner et s’organiser sur place. (…) L’hôpital principal a été fortement impacté. La volonté, c’est de développer des structures amovibles, des hôpitaux de campagne. Le fret part. Les personnes ont été déjà sélectionnées et sont déjà prêtes à partir aussi. Tout ça va se mettre en place dans 48-72 heures sur zone."

Pour le porte-parole de la Sécurité civile, "la situation est dramatique sur place, c’est une évidence". "En termes d’organisation et de coordination, on est face à un défi qu’on n’a jamais connu, souligne-t-il. Le pont aérien est d’autant plus nécessaire que, si on fait la comparaison avec l'ouragan Irma, on avait une journée par voie maritime entre Pointe-à-Pitre et Saint-Martin, et là on a trois jours de bateau entre La Réunion et Mayotte. La mobilisation a commencé avant le cyclone. Ça nous permet d’avoir un coup d’avance sur les différentes réactions, mais on a un challenge très important pour aider les populations. C’est décisif sur les 48-72 heures."

Guillaume Descours avec Marion Gauthier