RMC
Météo

Une association appelle à "ouvrir ses portes" pour "éviter que d'autres personnes ne décèdent dans la rue"

-

- - ERIC FEFERBERG / AFP

Une vague de froid est attendue cette semaine sur la quasi-totalité de la France. Selon Météo France, les températures seront inférieures de "quatre à huit degrés" aux normales saisonnières. Face à ce grand froid, Jean-Marc Roffat, président de l'association lyonnaise "Donner la main", don de soi, appelle, ce lundi sur RMC.fr, la population "à ouvrir ses portes" pour accueillir les sans-abris.

Jean-Marc Roffot, président de l'association humanitaire "Donner la main, don de soi" basée à Lyon.

"L'association a vocation à médiatiser les cas d'urgence et à organiser des événements pour soutenir ces cas d'urgence. En règle générale, on travaille beaucoup autour des enfants malades et du soutien aux parents. Mais pour le cinquième hiver consécutif, l'association vient en aide aux plus démunis dans les rues de Lyon. Et face à l'urgence totale de ce grand froid, nous estimons que chacun d'entre nous, avec ses propres moyens et à son échelle, puisse ouvrir sa porte.

"A l'échelle de l'Etat, il y a de la place"

On peut par exemple imaginer que des entreprises, de façon exceptionnelle, puissent ouvrir leurs portes aux sans-abris. Si c'était le cas, je suis persuadé que mes amis associatifs, mes collègues vont venir passer la nuit avec eux afin de sécuriser l'entreprise, et ce afin de rassurer les patrons qui pourraient craindre d'éventuelles dégradations.

On peut également imaginer que les lieux de culte (les églises, les mosquées, les synagogues, les temples…) puissent s'ouvrir, ainsi que les mairies ou encore les portes des particuliers pour ne serait-ce que donner un lit, une chambre provisoire en attendant que cet épisode de grand froid passe et que l'on évite que d'autres personnes ne décèdent dans la rue. On sait qu'à l'échelle de l'Etat il y a de la place. On sait qu'il y a beaucoup d'espaces vides. Il suffit donc de les ouvrir pendant cette période. Ce n'est pas compliqué.

"C'est la cour des miracles sous nos fenêtres"

Mais il y a un blocage en France. Cela s'explique par le profil de la rue. Que ce soit à Lyon, Paris, Marseille ou Bordeaux, la rue a évolué ces vingt dernières années. Quand je faisais des maraudes, il y a vingt ans, il y avait 80% de Français et 20% d'étrangers. Désormais, la proportion est inverse. Beaucoup de gens sont en effet venus en France pour trouver un eldorado. Mais ils ne le trouvent pas. Résultat: c'est la cour des miracles sous nos fenêtres.

Ce qui m'alarme, c'est que les médias s'inquiètent des sans-abris dès que le thermomètre passe en dessous de la barre de 0°C. Nous, les sans-abris, nous les suivons tout au long de l'année et la problématique est la même. Ceux que nous suivons actuellement à Lyon, pour la plupart, on les a déjà vus l'année dernière. Pour certains, cela fait même trois ou quatre hivers que nous les suivons. Malheureusement, on ne trouve pas de solution. On tourne un petit peu en rond et l'on revient souvent à la case départ parce qu'il n'y a pas de boulot, de logement adapté… On ne donne pas une chance à ces personnes à la rue alors que certains d'entre eux sont de très, très bonne volonté.

"Un appel aux dons"

C'est pour ça que nous avons décidé de dresser des portraits de ces gens-là afin de les humaniser. Il y a par exemple Fabrice, installé du côté des Cordeliers avec son chien et âgé d'une trentaine d'années. Il souffre du froid, est volontaire pour trouver un travail mais qui ne trouve pas de logement à cause de son chien, pourtant très gentil. Il y a aussi Boubacar, du côté de la gare de la Part-Dieu. Il est diplômé en comptabilité et en menuiserie. Il voudrait faire du nettoyage. Cela fait un an qu'il est à la rue, il vient de casser sa tente, il a donc besoin d'aide.

Autant de profils dont nous avons les coordonnées et pour qui nous lançons des appels sur les réseaux sociaux en espérant que quelqu'un prenne son téléphone et propose un hébergement ou, et c'est la priorité, un job. Nous faisons aussi un appel aux dons. Et la priorité pour ceux qui sont dans la rue est d'avoir un bonnet, une écharpe, des gants et des chaussettes chaudes. On a aussi besoin de couvertures comme de chaleur humaine."

Informations supplémentaires:

Les prochaines maraudes de l'association "Donner la main, don de soi":

- mardi 17 janvier rendez-vous 9h15 devant le Monoprix des Cordeliers (déambulation d'aide jusqu'à 11h15 dans la Presqu'île)

- mercredi 18 janvier rendez-vous 14 heures sur le parvis de la gare de la Part Dieu (déambulation jusqu'à 17 heures dans le secteur)

- vendredi 19 janvier rendez-vous à 10 heures aux Cordeliers déambulation jusqu'à 13 heures dans le centre de Lyon

Propos recueillis par Maxime Ricard