"On a besoin de vraies réserves": en Haute-Garonne, un dispositif expérimental de stockage d'eau divise

Un avertissement de la Cour des comptes en pleine crise agricole et climatique. Dans son rapport annuel publié ce mardi, elle estime que les solutions de stockage d’eau ne sont pas adaptées. Elle pense à toutes les régions du sud, touchées de plein fouet par les périodes de sécheresse et de canicule.
La Cour des comptes met en garde contre les tensions à venir sur les rendements agricoles et sur le partage de la ressource en eau, soulignant que les ouvrages de stockage de l'eau destinés à l'irrigation "peuvent, dans certains cas, présenter un risque de mal-adaptation au changement climatique, selon leur taille, leur situation et leur mode de remplissage".
Dans son rapport, elle cite plusieurs initiatives comme le programme R’Garonne (R de réseau) visant à recharger les nappes phréatiques par des dispositifs d’infiltration, lancé en Haute-Garonne au printemps dernier.
C’est le principe des vases communicants. Il s’agit de dévier une partie de la Garonne lorsque son niveau est haut, en hiver, pour alimenter un immense réseau de canaux. Schéma à l’appui, Jean-Michel Fabre, vice-président du conseil départemental, poursuit la démonstration.
“La Garonne alimente le canal de Saint-Martory, qui lui-même alimente par endroits des petits canaux. Il y a des zones où on va pouvoir mettre de l’eau qui va s’infiltrer dans la nappe au printemps. Et quelques semaines ou quelques mois plus tard, c’est elle qui va alimenter la Garonne. Donc, en fait, on stocke l’eau sous terre au lieu de la stocker habituellement”, explique-t-il.
Les agriculteurs pas satisfaits
Un dispositif expérimental qui va être testé durant quatre ans et qui pour l’heure ne convainc pas Luc Mesbah, président de la FDSEA, le syndicat agricole très implanté dans le secteur.
“Ce que propose aujourd'hui le conseil départemental, c'est stocker de l’eau dans une passoire. Je pense que tout le monde peut arriver à le comprendre. On a besoin de stockage d’eau comme ont fait les Romains à l’époque, de vraies réserves d’eau”, assure-t-il.
L’expérimentation “devrait permettre de stocker près de 20 millions de mètres cubes d’eau” selon Réseau Garonne, mais “il en faudrait au moins dix fois plus” selon les agriculteurs.