La Cour des comptes étrille les économies annoncées par le gouvernement et la politique du logement

La Cour des comptes publie ce mardi son rapport annuel et les oreilles risquent de siffler dans les ministères. Selon elle, le programme d'économies de 10 milliards d'euros présenté par Bruno Le Maire souffre de trois faiblesses: un scénario de croissance trop optimiste dès 2024, un retour trop tardif du déficit public sous les 3% du PIB (en 2027 seulement) et des efforts de maîtrise des dépenses inédits mais non documentés et renvoyés à la période 2025-2027. En gros, le plan du gouvernement n’est pas crédible.
Pour éviter la catastrophe économique, la Cour des comptes préconise d'arrêter de racler les fonds de tiroir pour chercher des économies, de faire de vraies réformes (collectivités locales, dépenses maladies) et de bâtir un budget 2025 qui sera le plus important depuis la crise financière de 2008. Quitte à augmenter les impôts, ce que le gouvernement se refuse à faire.
Malheureusement, cela fait 30 ans que chaque année, la Cour des Comptes alerte sur la situation et que les gouvernements proposent des mesurettes. Conséquence, le déficit et la dette continuent de se creuser.
La politique du logement insuffisante pour lutter contre le changement climatique
Une large partie du rapport de la Cour des comptes cette année est consacrée à la réponse apportée par l'Etat au changement climatique. Les magistrats se sont intéressés notamment, pour la première fois, à la façon dont la politique du logement menée par le gouvernement prenait en compte le changement climatique.
Et le résultat est là aussi sévère. Si la Cour des comptes se félicite d'une "prise de conscience" de l'urgence de s'adapter au changement climatique, elle demande à l'Etat de jouer plus clairement son rôle de stratège et de mieux chiffrer les efforts budgétaires nécessaires.
En d'autres mots, au lieu de s'attaquer au problème, la France ne s'attaque qu'aux symptômes. Les membres de la Cour des comptes dénoncent ainsi des aides publiques inadaptées, qui ne visent pas à adapter les logements mais simplement à réduire nos consommations d'énergie.
Ma prime Renov' dans le viseur de la Cour des comptes
Dans le viseur de la Cour des comptes, Ma Prime Renov' par exemple. Les magistrats aimeraient que le dispositif de rénovation de logement incite plus aux rénovations globales.
Or, le gouvernement vient de rétropédaler à ce sujet, rendant à nouveau éligibles les "monogestes", ces travaux simples comme l'isolation des combles ou un changement de fenêtre.
"L'adaptation des logements doit devenir une priorité publique", disent les magistrats. "Notre parc résidentiel est trop exposé aux pics de chaleurs, au gonflement de sol et aux inondations", poursuivent-ils.
Et c'est d'autant plus important dans les villes, explique la Cour des comptes, car celles-ci sont plus vulnérables face au changement climatique. Paris, par exemple, est la capitale européenne la plus exposée à la canicule.