"Un vide réglementaire total": John Reilly, patron de Marineland, s'agace contre le gouvernement

John Reilly, le président du Marineland d’Antibes, est un américain de 56 ans qui a passé sa vie près des bassins. Ceux où l’on applaudit des orques, des dauphins, et où l’on vend du rêve. Un parc aquatique, c'est de l'eau salée et du sucre. Il a commencé au stand popcorn d'un parc d'attractions. Avant de diriger le MarineLand, il était aux commandes de SeaWorld aux États-Unis, une immense chaîne de parcs aquatiques.
Et s'il fait l'actualité aujourd'hui, c'est que John Reilly pousse un coup de gueule. Il s'est fendu d'une lettre ouverte au gouvernement français. Car il ne sait plus quoi faire de ses orques.
Marineland a fermé ses portes
Ça s'est passé le 5 janvier dernier. C'est la conséquence d'une loi de 2021 qui interdit les spectacles de cétacés d'ici à l'an prochain, ainsi que toute reproduction ou acquisition d'orques et de dauphins pour des spectacles. Or, à Antibes dans les Alpes-Maritimes, malgré la fermeture du parc, restent toujours sur place Moana et Inouk, deux orques, ainsi que 15 dauphins.
Dans sa lettre, John Reilly met la pression : "Nous faisons face à un vide réglementaire total." Il demande une solution pour l'avenir de ses animaux.
La fermeture du parc avait été saluée par les associations de défense des animaux. Mais pas que. Le président de la République lui-même mettait cette fermeture à son actif encore cette semaine en marge du sommet sur les océans. Il était à la télé, assis à côté de l'activiste Paul Watson, de l'ONG Sea Shepherd. Emmanuel Macron a promis "une solution bientôt" pour ces orques.
Dépression animale
Les détracteurs de MarineLand dénonçaient les conditions de vie des animaux marins, dans des bassins trop exigus. Une orque parcourt habituellement des dizaines de kilomètres par jour dans l'océan. En captivité, on parle d'espaces artificiels, sans profondeur ni courant.
Ces associations de défense des animaux parlaient d'une forme de souffrance psychologique, voire de dépression animale. C’est encore l’argument de la fondation Brigitte Bardot, qui dénonce un "silence assourdissant du gouvernement" et rappelle que ces orques sont "condamnées à tourner en rond" dans une forme d’abandon organisé.
Un rapport d'expertise commandé
Aujourd'hui, personne ne sait vraiment ce que vont devenir les animaux. Les pistes du Japon ou de l'Espagne ont été évoquées, sans succès. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a, elle, annoncé mi-février un vague projet de création d'un sanctuaire européen. Elle devait le proposer à ses homologues italiens, grecs et espagnols.
Un rapport d'expertise a, en tout cas, été commandé, et la maison mère de Marineland réclame l’autorisation de transférer les orques.
John Reilly, lui, peut se reconvertir. D'anciens stagiaires parlent de son management bienveillant. Spécialiste du loisir, il a théorisé qu'il faut : "une nouvelle attraction par an" pour faire tourner un parc. Il va devoir s’habituer à en fermer un par an.