Macron veut interdire les réseaux sociaux aux -15 ans: pourquoi c'est difficile, mais pas impossible

Après la mort d’une surveillante poignardée par un élève mardi à Nogent (Haute-Marne), Emmanuel Macron veut interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans. Le président de la République a posé un ultimatum: "On peut le faire parce que toutes ces plateformes ont la possibilité de vérifier l'âge. Et je nous donne quelque mois pour le faire avec l'Europe sinon on le fera tout seul", a-t-il assuré depuis Nice.
La France veut entraîner l'Europe pour aller plus vite mais d'autres pays le font sans, des pays qui appelle à une harmonisation des règles.
Depuis 2018, en France, la "majorité numérique" est fixée à 15 ans et en théorie, les plateformes doivent refuser l’inscription des moins de 15 ans sans accord parental. Mais la loi de 2023 ne précise ni méthode, ni sanction. Une autre loi de 2024 dote justement l'ARCOM d'un pouvoir de sanction. L’autorité de régulation peut exiger le blocage d’un site.
Dans les faits, l'application de ces textes est très limitée. Sur le papier, tout est là. Dans la réalité, rien ne change. Les mineurs contournent les règles en mentant sur leur âge. Les Facebook, Insta, Tiktok ferment les yeux. On estime qu’un million de moins de 13 ans sont aujourd’hui actifs sur Tiktok.
Une vérification obligatoire?
Alors Emmanuel Macron veut aller plus loin. Le président veut imposer une vérification obligatoire, automatisée, impossible à contourner. Techniquement, les outils existent alors qu'on vérifie l'identité pour les jeux en ligne depuis des années.
Depuis avril, la vérification d’âge est obligatoire pour accéder aux sites pornographiques. Par carte bancaire ou scan de visage, comme celui de votre téléphone. Existe aussi la possibilité de passer par un tiers de confiance. Le principe: un prestataire vérifie que vous avez plus de 15 ans sans révéler votre identité aux plateformes. L’Arcom supervise ces vérifications. Et pour la pornographie, en cas d’infraction, les sites peuvent être bloqués en France.
Des exemples à l'étranger
D'autres pays ont pris les devants. Aux Etats-Unis, la Floride interdit l'accès aux réseaux avant 14 ans. Jusqu'à 16 ans, une autorisation parentale est requise. L'Etat américain permet aux familles de se retourner contre les plateformes en cas de non respect de la loi. L'Australie vient de voter une interdiction stricte des réseaux avant 16 ans.
En Chine, des couvre-feux numériques ont été testés puis abandonnés. Les autorités avaient imposé des plages horaires strictes: interdiction de se connecter entre 22h et 6h du matin, limitation quotidienne du temps d’écran pour les mineurs. Les jeunes contournaient facilement ces restrictions en utilisant les comptes de leurs parents ou en changeant d'identité numérique. Le symbole était fort. L'efficacité moindre.
Les influenceurs se défaussent
Cette annonce d’Emmanuel Macron survient d’ailleurs alors que des influenceurs problématiques étaient auditionnés à l’Assemblée mardi, devant la commission Tiktok. L’un de ces influenceurs, Alex Hitchens, un homme au discours masculiniste assumé, a renvoyé la responsabilité vers le législateur: "il faut interdire Tiktok parce que cette plateforme est néfaste pour les jeunes" ajoutant que "ce qui fonctionne le mieux, c’est le contenu qui choque"
"Si des élèves de CE2 accèdent à cette plateforme, c’est un problème de contrôle parental et de responsabilité de Tiktok, pas de la mienne", a assuré l'influenceur et acteur porno AD Laurent aux députés.
Des scènes qui illustrent ce que le président dénonce: des plateformes sans règle, des contenus violents ou sexuels accessibles très tôt, et une responsabilité diluée. En France, d'après la CNIL, la 1ere inscription à un réseau social intervient en moyenne vers 8 ans et demi