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Vidéo choc dans les élevages de visons: "Être entassés dans des petites cages, ça mène à la folie"

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Lundi, l’association One Voice a diffusé des vidéos quasiment insoutenables tournées dans des élevages de visons en France. Muriel Arnal, la présidente de cette association, explique pourquoi l’élevage de visons est, selon elle, une pratique "extrêmement anachronique".

Muriel Arnal est présidente de l’association de protection animale One Voice.

"Nous avons diffusé lundi matin des images issues de six élevages de visons. Elles ont été tournées en France, et elles montrent des animaux dans un stress très intense, qui mène à la folie. Ils se balancent de droite à gauche et de manière très rapide en permanence. Ils vivent entassés dans des petites cages grillagées, sans aucun moyen de se réfugier, nulle part. Les visons sont des animaux semi-aquatiques qui passent leur temps dans l’eau. Et là, ils n’ont pas accès à l’eau. Ils sont les uns sur les autres alors que ce sont des animaux solitaires et qu’ils ont très peur des humains. Ces élevages sont une grande souffrance pour eux.

On fait naître ces animaux dans des élevages, puis on les tue pour la fourrure. Ce que nous demandons au ministre de l’Agriculture, c’est l’interdiction de ces élevages, comme cela vient d’être le cas aux Pays-Bas. Là-bas, c’est une industrie importante, avec six millions de visons par an. Ils ont eu le courage de prendre cette interdiction. En France, c’est 200 000 visons seulement. Il est possible de faire autrement, surtout que le public ne veut plus voir ces cruautés.

Nous n’avons pas de contact avec l’industrie de la fourrure. Parce que nous pensons qu’il est nécessaire qu’ils évoluent vers d’autres fourrures et surtout vers d’autres matières. Le couturier Giorgio Armani s’est engagé auprès de notre label à ne plus utiliser de fourrure. Cette année, c’est le créateur Franck Sorbier qui l’a fait. Aujourd’hui, c’est vraiment possible de se passer de fourrures. De toute façon, ça va arriver.

"Un kilo de fourrure pollue autant que 10 kilos de coton"

Il y a des élevages dans toute la France. L’industrie de la fourrure crée une demande. Par exemple, les jeunes créateurs touchent des subventions s’ils utilisent de la fourrure animale. Il serait tout à fait possible de les aider financièrement sans les obliger à utiliser de la fourrure. D’ailleurs, les gens pensent souvent qu’ils achètent de la fausse fourrure alors que c’est faux. On peut tout à fait arrêter ça, et les gens comprendront. Un kilo de fourrure pollue autant que 10 kilos de coton. Il est possible de se vêtir autrement. Et ça crée des emplois autrement.

En France, le vison d’Europe est protégé. Le problème, c’est que dans les élevages, ce sont des visons d’Amérique. Et ils tuent les visons d’Europe, ils prennent leur place, quand ils s’échappent des élevages. C’est un tel problème que les élevages de visons viennent d’être interdits au Japon pour cette raison. Par ailleurs, le lisier du vison est très riche en phosphore, il est très polluant.

Une chose est sûre, c’est que la législation actuelle n’est pas respectée par ces élevages. Et que de toute façon, cette législation ne garantit pas le bien-être des animaux. A ceux qui portent de la fourrure, je réponds qu’il faut aussi savoir que dans son traitement de conservation, il y a des produits cancérogènes. Ça fait naturel mais c’est extrêmement polluant. Arrêter, ce serait du gagnant-gagnant. L’élevage du vison est extrêmement anachronique. La Croatie, le Luxembourg, la Wallonie, le Japon, les Pays-Bas… Ils ont tous interdits l’élevage de visons dans les deux derniers mois. Et la France va encore une fois être à la traîne".

Propos recueillis par Antoine Maes