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80e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz: ce qui est prévu lundi

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Les survivants seront au coeur des cérémonies du 80e anniversaire de libération d'Auschwitz, Emmanuel Macron sur place dans l'après-midi... Voici le programme de lundi 27 janvier.

Une cinquantaine de survivants d'Auschwitz-Birkenau se réuniront lundi sur le site de cet ancien camp nazi allemand, à l'occasion du 80e anniversaire de sa libération aux derniers mois de la Seconde Guerre mondiale.

Sous la porte d'entrée historique de Birkenau, ils prendront part à une cérémonie officielle, aux côtés de dizaines de dirigeants, dont le roi Charles III et le président français Emmanuel Macron, ainsi que le chancelier et le président allemands, Olaf Scholz et Frank-Walter Steinmeier.

La cérémonie qui débutera lundi à 15 heures GMT réunira 54 délégations internationales. "Cette année, nous nous concentrons sur les survivants et leur message", a déclaré Pawel Sawicki, porte-parole du musée d'Auschwitz. "Il n'y aura pas de discours d'hommes politiques", a-t-il souligné.

Macron au Mémorial de la Shoah puis à Auschwitz

Emmanuel Macron se rendra lundi matin au Mémorial de la Shoah à Paris puis l'après-midi à Auschwitz, en Pologne, pour les cérémonies internationales du 80e anniversaire de la libération du camp de la mort nazi, a annoncé vendredi l'Elysée.

Au mémorial parisien, le chef de l'Etat entend "manifester par sa présence l'intérêt et l'affection qu'il porte aux rescapés" qui seront présents, a dit un conseiller à la presse. Il doit notamment échanger avec Esther Senot, survivante du camp d'Auschwitz-Birkenau qui continue à 97 ans de témoigner de sa déportation, notamment devant des lycéens.

Ces commémorations sont "un des derniers moments où nous pourrons tous bénéficier de la présence, des témoignages, de rescapés de la Shoah", souligne-t-on dans l'entourage du président. Ce dernier se rendra dans l'après-midi à la cérémonie internationale organisée sur le site d'Auschwitz-Birkenau en présence d'autres dirigeants étrangers.

"La découverte par les troupes soviétiques de ce camp, et donc avec ce camp de la réalité de l'horreur nazie" permit "la prise de conscience de ce que fut l'extrémisme épouvantable de ce régime", a rappelé la présidence, jugeant important de marquer cet anniversaire alors que l'antisémitisme et "le révisionnisme qui accompagne souvent malheureusement encore certains cerveaux malades rodent toujours".

Aucune prise de parole d'Emmanuel Macron n'est prévue à Paris comme en Pologne. De son côté, le Premier ministre François Bayrou procédera lundi 18H30 au ravivage de la flamme du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe à Paris en présence de représentants de l'Union des déportés d'Auschwitz.

Les survivants au coeur des cérémonies pour ne pas oublier

Avant ce 80e anniversaire de la libération d'Auschwitz-Birkenau, une quarantaine de survivants des camps nazis ont aussi accepté de parler à l'AFP. Dans 15 pays, d'Israël à la Pologne, de la Russie à l'Argentine, du Canada à l'Afrique du Sud, ils ont raconté leur histoire et posé pour une photo, seuls ou entourés de leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, preuve de leur victoire sur le mal absolu.

Ils ont mis en garde contre la montée de la haine et de l'antisémitisme dans le monde et ont partagé leurs craintes de voir l'Histoire se répéter. "Comment le monde a-t-il pu permettre Auschwitz?", demande à Santiago du Chili, Marta Neuwirth, 95 ans, née en Hongrie, déportée dans ce camp à l'âge de 15 ans. Julia Wallach, presque centenaire, a du mal à parler du passé sans pleurer.

"C'est trop dur à raconter, trop dur", souffle cette Parisienne qui a survécu deux ans à Birkenau où un nazi l'a fait descendre in extremis d'un camion à destination d'une chambre à gaz. Bien qu'il lui soit éprouvant de revivre ces horreurs, elle a décidé de continuer à témoigner.

"Tant que je pourrai le faire, je le ferai", insiste-t-elle. A ses côtés, sa petite-fille Frankie se demande: "Quand elle ne sera plus là, est-ce qu'on voudra nous croire, nous, quand on en parlera?"

C'est pourquoi Naftali Furst, un survivant israélien d'Auschwitz, 92 ans, né à Bratislava, se rend depuis des années en Allemagne, en Autriche et en République tchèque pour raconter son histoire "afin que les jeunes générations n'oublient jamais ce qui s'est passé".

C'est pourquoi aussi Esther Senot, 97 ans, s'est rendue à Birkenau le mois dernier accompagnant des lycéens français. C'est une promesse qu'elle a faite en 1944 à sa soeur Fanny, mourante, qui, allongée sur la paille et crachant du sang, lui avait demandé dans son dernier souffle de raconter ce qui est arrivé "pour que l'histoire ne nous oublie pas".

7.000 survivants

Selon les organisateurs, il pourrait s'agir du dernier grand anniversaire réunissant un groupe important de survivants. "Nous savons tous que dans dix ans, pour le 90e anniversaire, il ne sera plus possible d'avoir un groupe aussi important", a déclaré M. Sawicki.

Auschwitz-Birkenau est devenu le symbole du génocide perpétré par l'Allemagne nazie sur six millions de Juifs européens, dont un million sont morts sur le site entre 1940 et 1945, ainsi que plus de 100.000 non-Juifs. Le camp a été créé en 1940 dans des baraquements d'Oswiecim, dans le sud de la Pologne occupée, dont le nom a été germanisé en Auschwitz par les nazis. Les 728 premiers prisonniers politiques polonais y sont arrivés le 14 juin de cette année-là.

Le 17 janvier 1945, face à l'avancée des troupes soviétiques, les SS forcent 60.000 prisonniers émaciés à marcher vers l'ouest dans ce qu'on appellera la "Marche de la mort". Du 21 au 26 janvier, les Allemands font sauter les chambres à gaz et les fours crématoires de Birkenau et se retirent.

Le 27 janvier, les troupes soviétiques arrivent et retrouvent 7.000 survivants. Le jour de la libération du camp a été proclamé par les Nations unies comme Journée de commémoration de l'Holocauste. Jusqu'à l'invasion de l'Ukraine en 2022, une délégation russe avait toujours assisté aux cérémonies anniversaires, mais depuis trois ans elle n'y est plus invitée, décision des organisateurs fermement critiquée par Moscou.

Des rumeurs sur la participation possible du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aux cérémonies ont également suscité la controverse. L'année dernière, la Cour pénale internationale a émis un mandat d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu, soupçonné de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre.

À la demande du président polonais Andrzej Duda, le gouvernement polonais a confirmé le mois dernier qu'il n'arrêterait pas Netanyahou en cas de visite à Auschwitz, même s'il semble que le dirigeant israélien n'ait pas l'intention de venir. Israël sera représenté par son ministre de l'Education Yoav Kisch.

C.A avec AFP