"Je ne crois pas à la sincérité de l'extrême-droite": Ginette Kolinka, rescapée d'Auschwitz, s'inquiète des propos de Serge Klarsfeld

Ginette Kolinka en 2022. - JOEL SAGET / AFP
En marge des élections législatives, la montée de l'extrême droite rebat les cartes dans le paysage politique français. Durant cette campagne, le Rassemblement national reçoit des soutiens parfois surprenants, à l'instar notamment de Serge Klarsfeld.
L'historien et avocat, ancien chasseur de nazis, aussi militant de la mémoire de la Shoah, était interrogé le samedi 16 juin sur LCI sur son choix dans l'éventualité d'un duel opposant le RN et La France insoumise.
"Je voterais pour le Rassemblement nationale parce que (...) l'axe de ma vie, c'est la défense de la mémoire juive, la défense des juifs persécutés, la défense d'Israël et que je suis confronté à une extrême gauche qui est sous l'emprise de La France insoumise avec des relents antisémites et un violent antisionisme", a déclaré celui qui a aussi échappé enfant à une arrestation de la Gestapo.
Il précise toutefois prévoir de "voter comme je l'ai toujours fait pour un parti du centre" dans sa circonscription.
"Je ne comprends pas qu'un Juif veuille voter Front national", déclare Ginette Kolinka
Ces propos ont été salués par Marine Le Pen ou Eric Ciotti, mais ont "choqué" Manuel Bompard. Du côté des historiens, c'est surtout l'incompréhensions. Un sentiment partagé par certains passeurs de mémoire de la Shoah, comme Ginette Kolinka, survivante d'Auschwitz.
La femme de 99 ans a manifesté son inquiétude et sa surprise. "Je ne comprends pas qu'un Juif veuille voter Front national", déplore-t-elle à Franceinfo.
"Quand tu vois Klasrfeld qui se met d'accord avec eux, là tu te dis qu'il y a quelque chose qui ne va plus. Si même les Juifs se mettent du côté de l'extrême droite, on n'en finira jamais", a-t-elle ajouté.
A l'argument de Serge Klarsfeld sur le soutien du RN aux Juifs, Ginette Kolinka a également déclaré : "Peut-être qu'ils le font en parole pour avoir les voix de notre corporation, mais une fois qu'il aura les voix, qu'est-ce qu'il fera ?" "Moi je n'y crois pas, à la sincérité de l'extrême droite", a-t-elle ajouté.
"Je suis contre tout ce qui peut faire qu'on haïsse quelqu'un"
La rescapée d'Auschwtiz, devenue une voix forte de la Seconde Guerre mondiale, rappelle que "tout ce qui est extrême est dangereux" et botte en touche sur un éventuel vote pour le Nouveau Front Populaire.
"Je suis contre tout ce qui peut faire qu'on haïsse quelqu'un. Moi je suis pour la tolérance. Quel est le parti qui te dit "On s'aime tous ?" Je n'en connais pas beaucoup", ajoute-t-elle. Avant de conclure : "La haine, c'est déjà un pied à Auschwitz".