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A Mayotte, dans le plus grand bidonville, on manque de tout: "On a enterré notre grand-mère à côté"

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Emmanuel Macron, en visite à Mayotte, a tenté de répondre à la colère des Mahorais après le passage du cyclone Chido. Il promet le retour de l'eau et de l'électricité à hauteur de 50% dans la journée et des vivres pour toutes les communes d'ici dimanche. À Kaweni, dans le plus grand bidonville de France, soufflé par les vents et rayé de la carte, les habitants entament une lente reconstruction.

Il ne devait passer que quelques heures sur Mayotte, mais Emmanuel Macron reste finalement dans l'archipel jusqu'à ce vendredi pour visiter les zones les plus reculées. Le président de la République a averti ce jeudi que le nombre de victimes du cyclone Chido serait "vraisemblablement" très supérieur aux 31 morts recensés pour l'heure.

Une mission de recensement a été mise en place par le préfet auprès des maires et des autorités religieuses. Il a également promis 50% de l'électricité rétablie ce vendredi, et "à peu près pareil pour l'eau". Pour les communes les plus "isolées", il faudra toutefois "plusieurs semaines".

À Kaweni, le plus grand bidonville de France, les habitants vivent comme ils peuvent. La reconstruction a commencé, mais sur place, on manque de tout. Dans un dédale de tôle, de bois rompu, de clous rouillés, et de boue, Youssouf répare tant bien que mal sa case. La priorité, c’est de sécuriser son terrain en pente avant la saison des pluies.

“Pour que la terre ne tombe pas de l’autre côté, il faut mettre des bois ou des morceaux de fer. On fait avec tout ce qu’on avait avant, on n'a pas les moyens d’aller acheter quoi que ce soit”, assure-t-il.

Un grand risque de maladies

Dans la case d'à côté, Tamjida vit avec ses sept enfants. Sa grand-mère a été retrouvée il y a deux jours sous des tôles. “On a enterré notre grand-mère”, confie-t-elle. Enterrée, juste à côté de la maison, c'est la tradition, dans la boue, les tôles et les pneus qui servent d’escalier. C’est la tradition musulmane: les défunts doivent être enterrés dans les 24 heures. Et pourtant, Tamjida et ses sept enfants consomment l’eau de la rivière qui passe en contrebas.

“On n’a pas le choix. On a peur des maladies, de la diarrhée, on a peur de tout. Mais on n’a pas le choix que de boire de l’eau de la rivière”, assure-t-elle.

Une habitante du quartier lave son linge dans cette même rivière. “L’eau qu’on boit, c’est celle-là car nous, on n'a pas le choix. On n'a pas d’argent pour acheter des petites bouteilles d’eau”, assure-t-elle.

Pas d’argent non plus pour acheter de la nourriture. Alors, encore une fois, on fait avec ce qu’il y a sur place. “Voilà ce qu’on va manger, il n’y a rien d’autre: juste ce régime de bananes. Je ne sais pas si elles sont encore bonnes”, indique-t-il.

Des fruits tombés à terre, de l’eau souillée: les autorités craignent que des épidémies comme la fièvre typhoïde ou le choléra se développent rapidement.

Romain Poisot avec Guillaume Descours