"Dopage légalisé": faut-il interdire les compétitions sportives aux personnes transgenres?

L'extrême droite s'inquiète de l'équité dans le sport féminin. Le député RN Julien Odoul a déposé une proposition de loi pour "faire concourir les sportifs dans la catégorie correspondant à leur sexe figurant sur leur acte de naissance". Le texte vise à "préserver le sport féminin" face à une pratique que l'élu assimile à "une forme de dopage légalisé".
À l’approche des JO 2024 de Paris, le Comité international olympique (CIO) a demandé aux fédérations sportives d’établir leurs propres critères. La Fédération française d'athlétisme a déjà à moitié tranché en autorisant l'athlète transgenre Halba Diouf à concourir jusqu'au niveau départemental.
"Il y a une idéologie qui nous explique que le sexe est une construction sociale et n'a rien à voir avec la biologie", déplore dans "Les Grandes Gueules", ce jeudi sur RMC et RMC Story, Barbara Lefebvre. "Malgré les œstrogènes et la baisse de testostérone, une femme transgenre aura toujours un avantage sur les autres femmes", avance l'enseignante, évoquant le classement d'Halba Diouf. Selon le président de la fédération française d'athlétisme André Giraud, la coureuse de fond est passée de la 980e place française lorsqu'elle courait avec les hommes, à la 68e place mondiale depuis qu'elle concourt avec les femmes.
"On est dans une espèce d'inflation législative", déplore de son côté l'économiste Frédéric Farah. "Il faut régler ça au niveau des fédérations", appelle-t-il, tandis qu'Olivier Truchot constate que personne ne veut prendre le risque de se positionner et légiférer, le comité olympique renvoyant justement la balle aux fédérations.
"Avec le traitement hormonal, on a une baisse de notre performance physique"
"Les différences entre les garçons et les filles, on le voit quotidiennement dans notre activité au collège", explique Sébastien, prof d'EPS dans le Nord. "Il y a une réelle différence et plus les enfants grandissent, plus ces différences sont marquées", ajoute-t-il dans les "Grandes Gueules".
"Dans les activités qui vont demander une grande puissance musculaire, de l'explosivité, les garçons vont être bien plus forts. Inversement, dans ce qui va demander de la motricité et de la souplesse, les filles vont être plus en réussite", détaille Sébastien.
Alexia, rugbywoman transgenre, assure ne pas voir de différence depuis qu'elle a intégré un championnat féminin: "J'ai perdu plus de 18% de capacités sportives. Avec le traitement hormonal, on a une baisse de notre performance physique", assure-t-elle. "En quarts de finale, j'ai subi deux plaquages qui m'ont valu de sortir sur blessure parce qu'en face il y avait des filles beaucoup plus fortes que moi", ajoute-t-elle.
"Est-ce qu'on a proposé de couper les jambes à Victor Wembanyama parce qu'il est trop grand? C'est exactement la même chose pour nous", estime Alexia.