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JO Paris 2024: le dossier explosif du potentiel retour des athlètes russes fait polémique

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Le Comité international olympique a ouvert la porte mardi au retour des sportifs russes dans les compétitions. Mais rien n'est encore tranché pour leur participation aux JO de Paris…

C’est un dossier explosif. Et pour le traiter, les dirigeants du monde olympique marchent sur des œufs. Mardi, ils ont donc pris une position assez hypocrite: ils ont décidé de ne rien décider sur la participation des sportifs russes et biélorusses aux JO de Paris en 2024. Il est urgent d’attendre, on verra plus tard, quand le moment sera “approprié”.

Mais en attendant, le CIO a recommandé que les sportifs russes puissent participer aux compétitions internationales. Et cela concerne donc les épreuves de qualifications pour les JO qui commencent dans plusieurs disciplines. Les sportifs russes et biélorusses avaient été exclus de toutes les compétitions internationales en février 2022, dès le début de la guerre. La décision de mardi leur ouvre la porte à un retour dès maintenant.

Quelles conditions pour un retour des athlètes russes?

Le CIO pose tout de même des conditions. Les sportifs russes ne pourraient concourir qu'à titre individuel, ce qui les exclut donc des sports collectifs comme le basket ou le foot. Ils concouraient sous bannière neutre. Ce qui était déjà le cas aux Jeux de Tokyo en 2021, en raison des scandales de dopage d'État en Russie.

Enfin, le CIO recommande de n’accepter le retour des sportifs qu'à condition qu’ils n’aient pas de lien avec l'armée russe, qu’ils ne soient pas militaires, et qu’ils n’aient pas publiquement défendu la guerre en Ukraine. Il va donc falloir aller relire les interviews et vérifier les propos tenus par les sportifs.

En fin de compte, ce sont les fédérations internationales qui vont décider. Si bien qu’il y aura des sports avec les Russes et des sports sans les Russes. Pour l’instant, la fédération d'athlétisme, le sport roi aux JO, n’envisage pas le retour des athlètes russes.

En revanche, la fédération internationale d’escrime vient de décider de leur retour dès le mois d’avril. Ce qui a rendu furieux un certain nombre d'athlètes. 300 escrimeurs du monde entier ont signé une pétition pour protester.

Une décision qui fait polémique

L'Allemagne a aussi protesté contre la recommandation du CIO. Pour la ministre des Sports allemande, cette décision est une gifle aux sportifs ukrainiens. Elle estime qu’il n’y a aucune raison pour que la Russie revienne dans le sport mondial tant que Poutine poursuit sa guerre criminelle.

C’est aussi la position de l’Ukraine qui sentait venir cette position du CIO et qui ne mâche pas ses mots pour dénoncer l’hypocrisie des dirigeants de l’olympisme. Récemment, Volodymyr Zelensky a invité Thomas Bach, le président du CIO, à venir sur le front à Bakhmout pour qu’il voit de ses propres yeux que la neutralité n’existe pas. Il est évident pour le président ukrainien que même un drapeau neutre pour la Russie reste un drapeau tâché de sang.

Inutile de vous dire que le CIO n'apprécie pas ces attaques. Et n'apprécie pas surtout les menaces de boycott de l’Ukraine si les sportifs russes devaient venir aux Jeux de Paris. Des menaces et des pressions que le comité olympique jugent “extrêmement regrettables”.

Les menaces de boycott, le fond du problème

C'est ce qui explique la prudence du CIO et le fait que rien n’ait été décidé pour les Jeux de Paris. Parce que plusieurs pays ont fait savoir qu’ils ne viendront pas en France si les athlètes russes sont présents. L'Ukraine bien sûr, mais aussi la Pologne, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie...

Cela replonge le monde olympique dans les années 80. Lorsque les Américains avaient boycotté les Jeux de Moscou en 1980 et que l’URSS avait boycotté ceux de Los Angeles quatre ans plus tard. C'était une période de guerre froide, le monde sportif s'était senti pris en otage. C’est ce que le président allemand du CIO essaye à tout prix d'éviter. Quitte à passer pour un hypocrite…

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)