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Abstention: pourquoi les jeunes ne votent-ils pas ?

L'abstention est très forte et surtout chez les jeunes pour ce scrutin des départementales et des régionales. Dans le détail, 87% des 18-24 ans et 83% des 25-34 ans n'ont pas voté contre 66% pour l'ensemble de la population.

Et si c’était trop tôt de voter à 18 ans? Kenny ne se sent pas encore légitime.
“Je ne me sens pas encore concerné à 18 ans. Je pense qu’on s’intéresse vraiment à la politique quand on se gère vraiment tout seul, quand on a un travail”, estime-t-il.

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Les modalités du vote doivent évoluer pour attirer la jeunesse. Voter à distance ou dans une autre ville que celle d'où l’on est inscrit. Aujourd’hui, c’est trop contraignant de se rendre jusqu’au bureau de vote un dimanche pour Noah et Aymeric, tout jeunes majeurs.

"Ça aurait été plus facile si on avait pu voter numérique sur un téléphone, sur un PC. Sur plusieurs jours aussi, plutôt qu’un seul jour où on peut voter”, appuient-ils.

À 22 ans, Mélissa n’a jamais voté. Selon elle, les politiques ne parlent pas à sa génération et ils préfèrent les plateaux TV aux réseaux sociaux. “S’il y avait par exemple une pub qui nous présentait les candidats à l'élection à notre niveau, alors oui pourquoi pas, j’irai voter. On ne nous parle pas à nous directement. Ils utilisent des mots trop compliqués pour qu'on puisse comprendre leur programme. Et puis je pense aussi que ça n’intéresse pas beaucoup de jeunes”, admet-elle.

"Il faut être plus imaginatif"

Pour limiter l’abstention, la classe politique, mais aussi l’école ont un rôle à jouer auprès des jeunes, explique Céline Braconnier, politologue et directrice de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye.

“Ils regrettent souvent quand on les interroge de quitter de lycée en n’ayant pas été davantage éclairé sur les formations partisanes, la construction des programmes, ce que c’est qu’un parti politique. Il n’y a pas un désintérêt marqué de la politique de la part des jeunes et il n’y a pas de rupture avec le vote. A nous d’être attentifs à ce que ces taux de participation nous disent. Il faut être plus imaginatif pour redonner de la vigueur à notre démocratie”, assure-t-elle.

Elle a l’espoir que ces jeunes se mobilisent davantage pour la prochaine présidentielle.

Caroline Philippe et Cyprien Péreril avec Guillaume Descours