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Attentat d'Arras: les profs organisent leurs propres hommages pour fuir la récupération politique

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Un an après l'attentat du lycée Gambetta à Arras, où le professeur Dominique Bernard a perdu la vie, les hommages officiels et non-officiels s'organisent. Les professeurs du lycée ont même pris de l'avance, car certains craignent que les commémorations avec les représentants politiques leur échappent.

Arras se prépare à une journée de commémorations ce dimanche 13 octobre, un an jour pour jour après l’attentat qui a coûté la vie à Dominique Bernard et fait trois blessés. Une cérémonie organisée par la ville sur la place des Héros en présence du public et de plusieurs ministres (Bruno Retailleau, Anne Genetet, Agnès Pannier-Runacher, Didier Migaud). Mais les professeurs n’ont pas attendu dimanche pour commencer les hommages.

Depuis jeudi et jusqu’au 16 octobre, date de la mort de Samuel Paty, les enseignants du lycée Gambetta organisent leurs propres commémorations, entre eux, avec les élèves et le personnel de l’établissement. Mais sans public, ni élus.

"Pas se faire voler nos commémorations"

Une série d’hommages axés sur la littérature, que Dominique Bernard appréciait tant, mais aussi sur les valeurs de la République et le vivre ensemble.

"On ne voulait pas se faire voler nos commémorations", expliquent plusieurs enseignants à RMC, devant la grille.

En salle des professeurs, ils ont rapidement décidé qu’ils allaient se rassembler entre eux, en associant aussi les collègues de Samuel Paty. Le programme de cette semaine est en partie dessiné par David Veraegue, professeur d’EPS blessé lors de l’attentat. Il s’investit beaucoup pour ne pas qu’on oublie, ni l’attentat, ni Dominique Bernard.

Les indiscrets : Un an après l'attentat d'Arras, l'hommage à D. Bernard - 11/10
Les indiscrets : Un an après l'attentat d'Arras, l'hommage à D. Bernard - 11/10
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Et puis, ces professeurs expliquent qu’à Gambetta, si on tient tant à ces commémorations dans l’intimité, c’est parce que dimanche, il y a de nombreux responsables politiques, et donc la récupération, glisse l'un d'eux.

"Certains d'entre nous éprouvent des difficultés, comme s'ils revivaient le 13 octobre"

D’ailleurs, certains envisagent de ne pas y aller. La présence du ministre de l’Intérieur irrite vraiment une partie des professeurs. Pour eux, il ne s’agit pas de protester mais seulement de se sentir au bon endroit et bien entouré, dans cette période qu’ils sont nombreux à redouter.

"Il y a des moments où ça va, et d'autres où c'est difficile, on repense à ce qui s'est passé", témoigne Chrisitian, agent d'entretien blessé lors de l'attentat. "Quand ça arrive, je vais voir un collègue pour me changer les idées, on est quand même soudés. Un petit regard, un sourire, ça fait du bien", explique-t-il, concédant que seul à la maison, les nuits sont parfois plus dures.

Elèves, agents, professeurs: tous semblent encore marqués. "Certains d'entre nous éprouvent des difficultés, comme s'ils revivaient le 13 octobre. On peut avoir un élève qui s'effondre en larmes, ce n'est pas simple", explique François Duceppe-Lamarre, prof d'histoire.

Pierre Bazin (édité par J.A.)