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Education sexuelle à l'école: qu'est-ce qui coince dans le nouveau programme?

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Nouvelle polémique concernant le nouveau programme d'éducation sexuelle à l'école. Alors que toutes les parties étaient d'accord sur une première version début 2024, la dernière irrite deux syndicats conservateurs et même le ministre de la Réussite scolaire.

La ministre de l'Education nationale et le ministre délégué à la Réussite scolaire, Anne Genetet et Alexandre Portier, sont réunis en déplacement ce mercredi à Marcq-en-Baroeul (Nord). Pourront-ils se mettre d'accord sur le nouveau programme d'éducation à la sexualité? Pas encore publié, ce programme fait déjà polémique.

Plusieurs associations telles que le syndicat de la famille (ex-Manif pour Tous) ou Parents vigilants (créé par le parti d'Eric Zemmour, Reconquête) en critiquent l'approche de la sexualité et des questions de genre. Le syndicat de la famille y voit un "bourrage de crâne pro-gender et transactiviste".

La ministre Anne Genetet a jugé ce programme "très complet" et "important", mais mercredi soir, son ministre délégué Alexandre Portier, a remis une pièce dans la machine en jugeant le programme d'éducation à la sexualité "en l'état pas acceptable".

Une sortie faite au Sénat pendant les questions au gouvernement: "Je m'engagerai personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles. Je veux un encadrement très strict des intervenants parce qu'il est hors de question de laisser nos écoles se transformer en terrain militant", a-t-il lancé.

Le parti-pris : Education sexuelle à l'école, le recul du gouvernement - 28/11
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Après cette prise de parole, c'est la sidération côté enseignant, alors que la ministre a relu ce programme avant de le présenter à la communauté éducative.

"Ce n'est pas la théorie du genre qui est écrite dans ces programmes. Dans le programme, il est juste dit qu'on peut être une femme et aimer bricoler ou un homme et aimer faire la cuisine, ce n'est pas plus compliqué que ça", tient à souligner Jérôme Fournier, secrétaire national du SE-Unsa.

"Cela ne veut pas dire qu'à des enfants de 10 ans, on veut qu'ils changent de genre, ce n'est absolument pas ça et c'est nous faire un mauvais procès", lance-t-il.

"On a enfin un programme remarquable, adapté aux différents âges"

Le programme prévoit notamment la découverte des parties du corps à l'école. Le mot "sexualité" n'apparaît qu'au collège. Sont aussi abordés progressivement le consentement, les dangers de la pornographie, de la drogue et les violences sexuelles.

Invité de RMC, le Pr Israël Nisand, professeur émérite de gynécologie, ne comprend pas la polémique après avoir lu le texte dans son intégralité. "On a enfin un programme qui est remarquable, un travail exceptionnel, avec des informations délivrées en fonction de leur âge... C'est la première fois qu'on adjoint un programme au texte de loi de 2001. Je n'ai trouvé aucun reproche à y faire", juge-t-il.

Il estime qu'il n'y a "pas de combat possible" sur le fond, nuançant avec la forme, estimant que ce devrait être exclusivement aux professeurs de livrer les informations du programme.

"Il faut vérifier qui emmène ces informations. Pas d'intervenants extérieurs au niveau de la petite enfance", plaide-t-il, estimant que ça peut être utile plus tard à l'adolescence d'avoir un duo avec un professeur: médecins, sage-femmes ou infirmiers.

J.A. et Marion Gauthier