Groupes de niveau: pourquoi les enseignants et les parents d'élèves mettent une mauvaise note au texte du ministère

C'était une promesse de l'ancien ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, l'une des mesures phares du "choc des savoirs": la mise en place de groupes de niveau. Un dispositif censé remonter justement le "niveau" des élèves français. La première version est présentée ce jeudi lors du Conseil supérieur de l'éducation. Mais les promesses ne sont pas tenues et le corps professoral, qui a déjà eu connaissance du texte, estime ne pas être entendu par le gouvernement.
Les syndicats et les parents d'élèves sont unanimes: ce texte a été écrit dans la précipitation et a été complètement bâclé. Ce qui inquiète particulièrement les enseignants, c’est d’abord la constitution de ces groupes. Ils seront établis suite aux dernières évaluations de CM2. Mais impossible, expliquent certains, de faire des groupes alors que leurs nouveaux professeurs ne connaissent pas encore leurs élèves.
Autre point conflictuel, l’entourage de Gabriel Attal avait promis des groupes de 15 élèves maximum pour ceux qui sont le plus en difficulté. Or, aucune mention de ce nombre dans le texte présenté par le ministère. Et dans certains rectorats, on évoque déjà des groupes de 18 voire 20 élèves.
Un passage en force du gouvernement?
Enfin, pour financer la mise en place de ces groupes et libérer des enseignants, le texte prévoit une heure d’enseignement en moins pour tous les élèves de sixième. Leur charge hebdomadaire passe de 26 à 25 heures. Et c’est l’heure de soutien qui est notamment supprimée.
Conséquence, dans les établissements où il n’y a pas d’élève en difficulté, il n’y aura donc pas d’effectif réduit, mais juste une heure en moins d’enseignement.
Même les syndicats favorables sur le principe aux groupes de niveau, comme le SNALC, comptent émettre un avis défavorable.
Mais peu importe, le ministère peut passer en force, comme ce fut le cas avec la réforme du lycée professionnel. Malgré l’avis largement défavorable en CSE, le texte a été publié au Journal officiel en début de semaine.