Hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard: comment sont gérés les élèves radicalisés

Un hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard est rendu ce lundi dans tous les collèges et lycées de France. Dominique Bernard a été assassiné devant son lycée d'Arras l'an dernier, par un ancien élève radicalisé.
En février dernier, l'ex-ministre de l’Éducation Nicole Belloubet avait dévoilé que 500 élèves étaient en processus de radicalisation et ajouté, comme Gabriel Attal avant elle: "Nous ne pouvons les laisser dans une classe sans rien faire". La ministre souhaitait ainsi placer ces élèves radicalisés dans des structures spécialisées.
Alors, quand un professeur repère un élève radicalisé, que se passe-t-il aujourd’hui? Qu’est-ce qui a changé depuis cet attentat? Rien n’a changé, mais tout a changé. Rien n’a changé, car impossible de placer un élève radicalisé dans un établissement spécial: il faut attendre des actes, une menace pour convoquer un conseil de discipline. Et si l’élève est renvoyé, il sera souvent scolarisé ailleurs.
Comment faire la différence entre provocation et radicalisation?
Mais tout a changé, car, après les assassinats de Samuel Paty puis Dominique Bernard, les signalements des enseignants ou du rectorat aux autorités sont plus nombreux, plus rapides, même pour des signaux faibles. Cette professeure, par exemple, assoit systématiquement les filles à côté des garçons dès la rentrée, "une façon de repérer tout de suite ceux à qui ça pose un problème".
Mais ça reste compliqué de faire la différence entre un ado provocateur, pratiquant, et radicalisé. Un proviseur d’un lycée du Beaujolais raconte: “L’an dernier, un prof repère un élève qui a Oussama ben Laden en fond d’écran", il le signale à la gendarmerie et après enquête, il s’agissait seulement d’une provocation et pas de la radicalisation.
En revanche, quand un élève est fiché S, c’est très rare que les autorités préviennent le chef d’établissement. L’an dernier, dans un lycée de Loire-Atlantique, un élève est passé en conseil de discipline pour avoir menacé une enseignante: c’est à ce moment que l'équipe éducative apprend qu’il est fiché S. “On a eu peur après coup, surtout qu’il a fait circuler les noms de tous ceux qui ont témoigné au conseil de discipline”, témoigne un enseignant.
Une autre ajoute: "Ça arrange tout le monde que ces élèves restent dans les établissements scolaires, car on garde un œil sur eux. En fait, c’est toujours nous qui sommes au front".