"L’école savait et n’a jamais parlé": harcelé, son fils a fait une tentative de suicide

Face au harcèlement scolaire, le ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye a estimé que l'école ne "pouvait pas tout" en appellant les parents à s'investir. Selon lui, huit parents sur dix ignorent que leur enfant est inscrit sur des réseaux sociaux.
Mais pour Sandrine, cette réponse est insuffisante: "Les parents des harceleurs ne sont pas au courant des agissements de leur enfant. Et si ce n'est pas l'école qui les prévient, qui va le faire?", s'interroge-t-elle ce vendredi dans "Estelle Midi" sur RMC et RMC Story.
Car le harcèlement, son enfant l'a vécu. Le fils de Sandrine est un "excellent élève, enfant intellectuellement précoce (EIP) qui manque un peu de maturité", lorsque son cauchemar commence en 5e. Du jour au lendemain, il perd sa joie de vivre et son sourire. "En fait, il était harcelé et s'était muré dans le silence. Il ne nous a rien dit, l'école ne nous en a jamais parlé, on a découvert ça par un ami qui avait sa fille dans la même école", explique-t-elle.
"Humiliation quotidienne et complète de la part de toute l'école"
"Ça a commencé par quatre, cinq élèves puis c'est devenu une humiliation quotidienne complète de la part de toute l'école. Il se faisait voler ses affaires, il revenait de l'école avec une chaussure en moins, sans manteau. Les harceleurs dessinaient des appareils génitaux sur son carnet de liaison. Toute l'école lui chantait des chansons obscènes, disant qu'il ne devait pas vivre, qu'il devait se tuer dans un caniveau", raconte-t-elle.
Quand elle découvre la situation de son fils, Sandrine contacte tout de suite l'école. La direction lui assure alors que son enfant "manque de maturité", que "ce n'est pas grave" et estime à demi-mots qu'il est en partie responsable. Mais son fils est au plus mal et va jusqu'à faire une tentative de suicide.
Son fils obligé de changer d'établissement
Dans la foulée, un nouveau rendez-vous est pris avec la direction, qui répond à Sandrine que cela n'a rien à voir avec un éventuel harcèlement.
"On s'est retrouvé devant des portes fermées, seuls avec mon mari et mon fils. Personne ne pouvait nous aider", déplore Sandrine qui en veut toujours aux parents des harceleurs, au courant de la situation, assure-t-elle: "Ils étaient au courant parce que le CPE n'a rien trouvé de mieux à faire que d'aller dans la classe et de convoquer les élèves concernés devant tout le monde".
Après cinq ans de cauchemar pour lui et ses parents, son fils va mieux. Mais il a fallu qu'il change d'école pour que le harcèlement cesse. Et sans être aidé par l'école. "On a dû menacer l'établissement qui ne voulait pas faire le transfert", conclut Sandrine.