"La promesse générale n’est pas tenue": la hausse des salaires des profs ne convainc pas vraiment

Emmanuel Macron a annoncé ce jeudi des augmentations de rémunération pour les enseignants, comme attendu. Elles comporteront une part versée à tous et une part pour les profs qui accepteront de nouvelles missions. Au total, 3 milliards d'euros seront consacrés en année pleine à cette revalorisation. La revalorisation "socle" (sans condition), à partir de septembre, permettra de "mettre déjà tout le monde au-dessus de 2.000 euros" net par mois, a expliqué le chef de l'Etat. "Au-delà de ça, c'est à tous les niveaux de carrière qu'il va y avoir une augmentation de rémunération", qui sera comprise "entre 100 et 230 euros par mois" net.
L'autre partie de l'augmentation des rémunérations sera liée à de nouvelles missions et basée sur le volontariat, dans le cadre du "pacte" proposé par le gouvernement aux enseignants. Ce "pacte", modulable, se décomposera en trois unités de 1.250 euros brut, pouvant aller jusqu'à 3.750 euros brut d'augmentation par an si un enseignant en prend trois.
Secrétaire générale adjointe du syndicat enseignant SNES-FSU et professeure de SES en lycée, Sophie Vénétitay n’est pas totalement convaincue par l’annonce d’Emmanuel Macron. "Les 100 à 230 euros, on va les prendre, on s’est battu pour les avoir, explique-t-elle dans ‘Charles Matin’ ce vendredi sur RMC et RMC Story. Ils ne sont pas tombés du ciel, il a fallu dire et redire que les profs sont mal payés. On constate quand même que ça ne permet même pas de rattraper tout ce qu’on a perdu ces dernières années, parce qu’on a perdu entre 15 et 25% de pouvoir d’achat. Et ça ne correspond pas à la promesse d’Emmanuel Macron. Il nous avait promis 10% pour tous les professeurs en 2023. Il avait dit janvier, ce sera finalement septembre. Et ce n’est même pas 10% pour tout le monde. Ce sera 10% pour certains, pas 10% pour d’autres. La promesse générale n’est pas tenue. Et on ne va pas au bout de cette revalorisation."
"Remplacer un collègue au pied levé, c’est extrêmement compliqué"
Quant aux nouvelles missions qui permettront aux profs d’augmenter leurs revenus, c’est une philosophie qui ne plait à cette syndicaliste. "Pour mériter une augmentation de salaire, il va falloir travailler plus. C’est le fameux travailler plus pour gagner plus, qui est complètement hors-sol et très provocateur", estime-t-elle.
Sophie Vénétitay est également plus que perplexe sur l’autre volet des annonces d’Emmanuel Macron, le remplacement assuré de chaque absence d’enseignant. "Remplacer un collègue au pied levé, c’est extrêmement compliqué à faire d’un point de vue organisationnel et pédagogique, souligne-t-elle. Quand Emmanuel Macron dit que toutes les absences seront remplacées dès la rentrée, il est complètement hors-sol. Ça se voit qu’il n’a jamais mis les pieds dans un collègue ou un lycée. Un professeur fait déjà, en moyenne, au moins 43h par semaine. Où placer une heure de remplacement, comme ça? Quand on connait l’organisation d’un collège ou d’un lycée, on peut vous dire que toutes les absences ne seront pas remplacées."