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"On fera comme on peut": l'heure de sensibilisation au harcèlement fait grincer des dents

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Dès cette semaine, chaque classe de collège devra avoir une heure de sensibilisation au harcèlement scolaire. Une mesure actée trois jours avant sa mise en place qui fait grincer des dents chez les directeurs d'établissements.

Le gouvernement accélère sur la lutte contre le harcèlement scolaire. Après le suicide de la jeune Lindsay, victime de harcèlement, le ministère de l'Education nationale a évoqué dans un premier temps un "échec collectif" et a annoncé la semaine dernière faire de la lutte contre ce fléau "sa priorité absolue" pour la rentrée prochaine. Chaque année, entre 800.000 et 1 million d’élèves en sont victimes.

Le ministre Pap Ndiaye a annoncé plusieurs chantiers qui prendront forme dès septembre dont des possibles mesures possibles d'éloignement d'un élève harceleur en primaire, et des augmentations de subventions pour les numéros d'urgence contre le harcèlement (3018 et 3020).

Mais dès cette semaine, le sujet du harcèlement scolaire sera abordé auprès des 3.4 millions de collégiens avec une consigne donnée aux 7.000 chefs d'établissement. Dans le viseur du ministère: les réseaux sociaux, où s'amplifie le harcèlement.

"Le temps éducatif n'est pas celui de l'actualité"

Quant au programme, libre à chaque équipe pédagogique d'en décider le contenu. Des vidéos et des ressources sont à leur disposition pour tenter répondre aux questions des élèves.

"Et des questions, ils en ont, on ne pouvait pas attendre la rentrée, explique l'entourage de Pap Ndiaye. Ce qui compte, c'est qu'ils puissent avoir des réponses. Vu le drame qui vient de se produire, c'est logique que cette heure ait lieu maintenant."

Mais ce timing, c'est justement ce qui contrarie certains chefs d'établissements. Ils ont été prévenus vendredi. Trop court pour se préparer, qui plus est en fin d'année, période des conseils de classe, et les élèves ont déjà la tête dans le brevet ou dans les vacances.

"On fera comme on peut, sans obligation de résultat. Le sujet est grave pour tout faire dans la précipitation" déplore un proviseur sur RMC.

Une initiative de dernière minute et politique, déplore Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale. "Ça ne s'improvise pas. C'est un sujet complexe qui ne nécessite surtout pas d'improvisation et d'être bâclé comme ça en une heure. Le temps éducatif n'est pas celui de l'actualité", tacle-t-il.

J.A. avec Maryline Ottmann