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Restrictions budgétaires: 690 millions d'euros amputés à l'éducation, les profs désespérés

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Alors que l'État a acté, jeudi, des coupes budgétaires de 690 millions d'euros sur le budget de l'Éducation nationale, les syndicats des enseignants et des personnels d'accompagnement ne comprennent pas cette décision.

L'État a acté, jeudi, une coupe de 10 milliards d'euros en moins dans le budget de l'Etat via un décret, au vu des prévisions de croissance en baisse. Tous les ministères sont appelés à faire un effort. L'Éducation nationale doit notamment trouver 690 millions d'euros d'économies. Alors que l'école est en crise, cette coupe ne passe pas pour les syndicats.

"On parle de priorité à l'éducation mais il n'y a pas de réalité budgétaire derrière", regrette sur RMC Caroline Brisedoux du SGEN-CFDT.

Cette politique rime avec échec pour cette dernière. Parmi les coupes annoncées, près de 180 millions d'euros concernent les effectifs enseignants. Le gouvernement a retiré les budgets prévus pour des postes non pourvus. "Ils bloquent toutes possibilités de recrutement de contractuels complémentaires", se désole la représentante syndicale. Mais la ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, a assuré qu'il n'y aurait "pas de suppressions d'emplois" malgré le coup de rabot budgétaire.

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Un discours fragilisé

Ces coups de rabot ne vont pas toucher que les enseignants mais aussi la masse salariale qui concerne la vie de l'élève comme les conseillers principaux d'éducation, les CPE, ou encore les assistants d'éducation. Un paradoxe dénoncé par Gilles Langlois en charge du budget au SE-UNSA: "D'un côté on a un gouvernement qui nous dit être très mobilisé sur le harcèlement mais concrètement si vous supprimez plusieurs milliers de postes de ces personnels, forcément vous allez fragiliser et rendre inopérants les discours", tacle-t-il.

Les accompagnants en situation de handicap -AESH- vont aussi faire les frais de ces économies. L'Éducation nationale représente 15% du budget de l'État. Après les calculs de Bercy, le ministère de l'Éducation nationale aura près de 700 millions d'euros de budget en moins suite à ces coupes.

Deux milliards demandés au ministère de la Transition écologique

Tous les autres ministères sont également concernés. Pour rappel, l'effort est divisé en deux: les ministères doivent trouver au total cinq milliards d'euros d'économies dans leur fonctionnement. Les cinq autres milliards viennent de coupes dans des politiques publiques, comme par exemple MaPrimeRénov amputée d'un milliard d'euros.

Certains ministères sont particulièrement sollicités. Celui de la Transition écologique, par exemple, doit économiser plus de deux milliards d'euros. Certains choix du gouvernement interrogent: 200 millions d'euros vont être retirer à l'accès et au retour à l'emploi, alors que les chiffres du chômage repartent à la hausse. 300 millions d'euros d'aide à l'accès au logement vont également disparaître.

Le gouvernement se défend et affirme qu'une grande partie des sommes visées sont des réserves, des budgets non utilisés l'an dernier et supprimés dès le début de cette année.

Aucun doute pour plusieurs élus spécialistes du budget, les annonces du gouvernement visent avant tout à rassurer les agences de notation, pour continuer à emprunter dans les meilleures conditions possibles.

Mahauld Becker-Granier et Romain Cluzel (avec T.R.C.)