"Sale sioniste": victime d'insultes antisémites depuis le 7 octobre 2023, l'angoisse d'Elia à l'université

Le gouvernement relance des assises de lutte contre l’antisémitisme ce jeudi. Avec un chantier prioritaire, l’Université. Des assises dirigées par la ministre en charge des Luttes contre les discriminations, Aurore Bergé, et en présence de la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne. L'occasion aussi de donner la parole à des jeunes, lycéens et étudiants, qu'ils soient victimes, témoins ou porteurs de projets.
Il faut dire que depuis le 7 octobre 2023, les actes antisémites explosent et l’Université est particulièrement touchée…
Elia, 20 ans, étudiante juive en deuxième année dans une fac parisienne, témoignera ce jeudi matin, lors des assises. En mars dernier, elle publie un message sur un groupe WhatsApp de 300 étudiants de sa fac pour les prévenir d’une conférence sur les violences subies par les femmes israéliennes lors des attaques du 7 octobre. Elle recevra pour réponse une centaine d’insultes et de menaces.
“Sale grosse pute, sale sioniste… Ils disaient qu’ils avaient retrouvé ma photo et qu’ils allaient la publier sur Telegram”, indique-t-elle.
Des enseignants aussi visés
Elle dénonce les faits à sa faculté qui n’agit pas car le groupe WhatsApp relève de la sphère privée, et elle porte plainte, mais presqu’un an après, les étudiants coupables n’ont toujours pas été inquiétés.
“Je sais qu’ils sont en cours avec moi. Je redoute à chaque fois qu’il y a l’appel. Je me crispe parce que je me dis que quelqu’un va se souvenir que la sale sioniste, c’est moi”, confie-t-elle.
"Un lieu de sectarisme où des étudiants juifs sont harcelés et stigmatisés"
"Il y a une chappe de plomb qui est en train de se poser sur l'université française", alerte ce jeudi sur RMC et RMC Story Yonathan Arfi, le président du Crif, le Conseil représentatif des institutions juives de France.
"L'université c'est un lieu qui se pense être un lieu de débat d'idée mais qui est devenu un lieu de sectarisme où des étudiants juifs sont harcelés et stigmatisés au nom d'un conflit qui se déroule à 4.000 km", poursuit-il.
Un antisémitisme grandissant que dénonce Michel Deneken, président de l’Université de Strasbourg. “Les tags que l’on enlève tous les jours ou toutes les semaines, parfois jusqu’à 10 ou 30, sont pour la plupart antisémites ou anti-sionistes. À Sciences Po, on a déjà eu des professeurs nommément visés”, appuie-t-il.
Une proposition de loi contre l’antisémitisme à l’université sera examinée la semaine prochaine au Sénat,. Elle a le soutien du gouvernement.