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Suicide d'un lycéen harcelé: "L'Education nationale ne s'excuse jamais" tacle la FCPE

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Nicolas, jeune lycéen âgé de 15 ans, s'est donné la mort début septembre à Poissy (Yvelines) après avoir subi du harcèlement durant son parcours scolaire. Des faits signalés à l'automne 2022 et qui avaient provoqué un réponse du rectorat jugée honteuse et choquante jusqu'au ministère de l'Education nationale. Sur RMC, une porte-parole de la FCPE dénonce une "intimidation" typique de l'Education nationale.

"Une honte", "choquant, "une défaillance": le ministre de l'Éducation Gabriel Attal et la Première ministre Elisabeth Borne n'ont pas eu de mots assez durs pour qualifier la teneur d'une lettre du rectorat de Versailles à la famille d'un lycéen de Poissy (Yvelines), qui se plaignait de harcèlement scolaire et qui s'est suicidé cette rentrée.

Des faits de harcèlement avaient été déclarés au cours de l'année scolaire précédente, à l'automne 2022. Il s'agissait de brimades, de moqueries de la part de deux autres élèves, en particulier du lycée Adrienne Bolland où il était scolarisé. Des faits qui ont été remontés au proviseur de l'établissement puis jusqu'au rectorat. Un suivi de l'élève avait été mis en place et une main courante avait aussi été déposée au commissariat au cours de l'année scolaire.

Finalement, le rectorat de l'Académie de Versailles a écrit le 4 mai une lettre aux parents qui était tout sauf un soutien aux parents évoquant sur un ton menaçant "un supposé harcèlement subi", demandant aux parents "une attitude constructive" et mentionnant dans son courrier l'article du Code pénal qui punit les dénonciations calomnieuses.

Deux semaines après la mort de leur fils, les parents du jeune Nicolas sont sortis du silence ce lundi 18 septembre en témoignant auprès de l'AFP: "Nous avons été outrés et effarés de recevoir de telles lettres", dans lesquelles le rectorat évoquait les risques pénaux d'une dénonciation inexacte, a assuré la mère de Nicolas, Béatrice, qui a précisé ne pas avoir encore décidé si elle allait porter plainte et donner une suite judiciaire à cette affaire.

Une "intimidation" selon une porte-parole de la FCPE

Invitée d'"Apolline Matin" sur RMC ce lundi 18 septembre, Alixe Rivière, porte-parole de la fédération des parents-d'élève FCPE en Seine-Saint-Denis, estime que l'on peut même parler "d'intimidation" car le service juridique les menace clairement.

"Cela peut souvent être une technique de l'Education nationale pour faire reculer les parents quand ils n'ont pas de réponse. Là, on voit bien que le problème a été détecté, néanmoins il ne peut pas être traité, certainement car ils n'ont pas les ressources humaines en interne pour y remédier", note-t-elle.
Témoin RMC : Alixe Rivière - 18/09
Témoin RMC : Alixe Rivière - 18/09
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Elle explique que les problèmes peuvent "monter crescendo" car l'Education nationale "ne s'excuse jamais" après ses erreurs, selon elle.

"Par exemple, l'administration fiscale s'excuse facilement quand elle fait un erreur, en revanche l'Education nationale ça se termine par: 'Bon. C'est un malentendu'", regrette-t-elle.

Concernant la rectrice de l'Académie de Versailles, qui était en poste au moment de l'écriture de la lettre, et qui sera convoquée par le ministre de l'Education nationale prochainement dans cette affaire, Alixe Rivière en dresse un portrait plutôt négatif concernant les relations avec les parents d'élèves.

"Elle a été extrêmement désagréable avec les parents d'élèves et familles durant tout son mandat. La communication était extrêmement difficile. On est dans l'archétype du fonctionnaire qui trampoline dans une carrière, clairement", tacle-t-elle.

J.A. avec AFP