Elisabeth Borne invite une handicapée à travailler et provoque l'indignation
À gauche, les propos de la Première ministre provoquent l'indignation. Interpellée par une auditrice en fauteuil roulant sur France Bleu mardi, Elisabeth Borne l'a invité à retourner travailler. Lors d'une séance de question réponse avec des auditeurs, la nouvelle résidente de Matignon a été interpellée par Dolorès, une femme en fauteuil roulant privée de l'Allocation adulte handicapée (AAH) en raison des revenus trop élevés de son mari.
"J’ai fait la demande d’AAH, mais dans la mesure où mon époux touche 1.800 euros, et malgré un loyer de 1.000 euros à Nice, on me dit que je n’ai le droit à rien car on dépasse les plafonds. Sans mon époux, je serais à la rue", a lancé Dolorès.
Elle demande donc de l'aide. La Première ministre lui répond d'abord que d'autres aides existent. Avant de lui faire cette proposition: "Il y a la façon dont on peut vous accompagner pour que vous puissiez peut-être reprendre une activité professionnelle, j'imagine que c'est quelque chose que vous puissiez envisager".
"C'est l'histoire de la rencontre avec un bloc de glace"
"J'adore quand vous me dites ça. Vous savez comment ça se passe en fauteuil?", lui rétorque alors Dolorès, en fauteuil roulant après un grave accident. La Première ministre tente de se reprendre, en disant que ce n'est peut-être pas le moment de parler de reprise professionnelle.
Trop tard pour l'opposition, qui dénonce le manque de considération d'Elisabeth Borne. Face à cette réaction, les responsables de gauche sont vent debout. "C'est l'histoire de la rencontre avec un bloc de glace" réagit le patron du PS Olivier Faure. Jean-Luc Mélenchon, lui, dénonce une "technocrate brutale" qui "humilie une femme en fauteuil". Une séquence qui ne va pas aider la cheffe du gouvernement, qui tente tant bien que mal de sortir de son image de Première ministre purement technique.
Les difficultés d'un retour à la vie professionnelle
"C'est indigne de sa fonction, je suis en colère", déplore ce mercredi dans les "Grandes Gueules", sur RMC, Gaëlle, éducatrice spécialisée dans la Loire. "Madame Borne ne tient pas compte de la question du handicap dans sa généralité. Il faut se rendre sur son lieu de travail et il faut une capacité d'adaptabilité extraordinaire. Une hôte de caisse fait aussi de la mise en rayon, déplace des cartons, ce que ne pourra pas faire une personne en situation de handicap", rappelle-t-elle.
"Moi, on m'a interdit de travailler parce que j'ai des douleurs au dos", ajoute Laurent, un auditeur en situation de handicap. "J'ai de l'arthrose, qui me coince les vertèbres et les nerfs des jambes. Je prends 12 cachets par jour, ce qui me fait dormir. Quand je suis trop longtemps debout, j'ai mal, trop longtemps allongé, j'ai mal, trop longtemps assis, j'ai mal. Mon corps est complètement usé".
"Aujourd'hui je suis à la solde de ma femme. Si je veux acheter quoi que ce soit, c'est avec son argent. Je n'ai plus rien, j'ai honte de ce que je suis devenu. On m'a tout supprimé", explique-t-il, ne pouvant toucher l'AAH.