RMC
Société

"Il pleut dans la maison": 2 mois après le séisme dans l'Ouest, le sentiment d'abandon des victimes

placeholder video
Après les séismes survenus dans les Deux-Sèvres et en Charente-Martime en juin dernier, certaines communes n'ont pas été reconnues comme étant victimes d'une catastrophe naturelle. Des victimes se sentent complètement abandonnées et leurs élus interpellent Elisabeth Borne.

Deux mois jour pour jour après les séismes… et toujours rien. Voilà l'état d'esprit de plusieurs élus des Deux-Sèvres, qui, par une lettre envoyée à la Première ministre Elisabeth Borne, se plaignent de n'avoir toujours pas été reconnus comme étant victimes d'une catastrophe naturelle.

À ce stade, une procédure accélérée a permis à trois communes du département de faire l'objet de cette reconnaissance, sur 172 dossiers déposés par des communes des Deux-Sèvres : Mauzé-sur-le-Mignon, Arçais et Saint-Hilaire-la-Palud.

Au total, ce sont huit maires de petites communes des Deux–Sèvres qui se sentent aujourd'hui oubliés par l'Etat, alors que la reconnaissance, en attente, de l'état de catastrophe naturelle bloque notamment les procédures liées aux assurances pour les maisons qui subissent les répercussions des séismes d'il y a deux mois.

"Côté assurances, ils ne font rien"

A La Rochénard, par exemple, une maison sur quatre est endommagée à cause des séismes qui ont frappé le secteur. Le domicile de Marlène fait partie de ces habitations en péril.

Rencontrée sur place, lorsqu'elle se déplace chez elle, Marlène évite toute une partie de sa maison. Elle inspecte inlassablement une poutre centrale, fendue en longueur de chaque côté, qui soutient tout l’étage de la bâtisse.

"Au tout début il n'y avait qu'un trait, et après ça s’est écarté… Les dégâts ne font qu’empirer parce que comme les toitures ont bougé, il pleut dans la maison! Et à un moment ou un autre ça ne va plus tenir, c’est certain", se désole Marlène, une habitante de La Rochénard (Deux-Sèvres).

Les travaux, eux, ne se lancent pas, car "côté assurances, ils ne font rien tant qu’il n'y a pas l’arrêté d’état de catastrophe naturelle" assure Marlène.

Alors agir avant l’écroulement, c’est aussi l’obsession de Sylvie, alors que des fissures lézardent la grange adossée à sa maison. "A l’intérieur on passe la main dedans", décrit-elle.

Chez Sylvie, le prix des travaux est estimé à 150.000 euros... une somme impensable à payer sans aide de l’Etat. "C’est quand même la valeur de la maison! Et puis à notre âge on ne va pas emprunter", juge cette habitante de La Rochénard.

Une commission doit statuer... à l'automne

Cette impression de faire partie des oubliés est partagée avec la maire de la commune, Annick Bamberger. Celle qui a cosigné la lettre adressée à Elisabeth Borne se demande pourquoi il existe une différence de traitement.

"Même en Vendée, on a la commune de Benêt qui est bien plus loin de l’épicentre que nous, et qui a été reconnue en catastrophe naturelle alors que nous pas du tout. On ne comprend pas!", déplore la maire de la commune de La Rochénard.

En Charente-Maritime, sept villes ont été reconnues fin juillet, sur un total de 17 à s'être signalées.

Une commission interministérielle doit statuer à l’automne puis il y aura le temps des expertises, celui des travaux, à lancer pour environ 600 bâtiments endommagés sur les huit communes signataires… une éternité, pour les habitants.

Marion Gauthier, Alexis Lalemant