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Séisme en Charente-Maritime: la plus forte secousse en France métropolitaine depuis 1967

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Dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story, Nicolas Poincaré revient sur les précédents tremblements de terre en France, avant celui de vendredi dernier en Charente-Maritime.

Le tremblement de terre de vendredi en Charente-Maritime a fait des dégâts mais pas de victime. D’une magnitude d’au moins 5.3, il est un des plus puissants de ces dernières années en France. Et la France métropolitaine a la chance de ne pas être soumise à un risque élevé en matière sismique. Depuis plus d’un siècle, nous n’avons pas connu de tremblement de terre qui fasse plus que des dégâts relativement légers.

En 2019, le séisme de Teil, en Ardèche, avait frappé les esprits parce que pour la première fois en France, les sismologues avaient pu voir en surface les traces de la rupture. On avait découvert une petite faille de quelques dizaines de centimètres, visible à l'œil nu. Mais à part ça, sa magnitude était classique pour la France, environ 5. Et il n’y avait pas eu de blessés.

Cinq ans plus tôt, en 2014, la région de Barcelonnette et de Gap s’était fait peur avec une secousse de plus de 5 degrés. En 2011, c’est la Corse, autour d’Ajaccio, qui avait été secouée par un séisme de même puissance. En 2002, c'était en Bretagne.

Il faut remonter à 1967 pour trouver un séisme plus puissant que celui de vendredi. C’était à Arlette, dans le Béarn, il y a donc 56 ans. Deux fortes secousses à quelque minutes d’intervalle, en pleine nuit, avaient provoqué notamment la chute du clocher de l’église du village et la destruction de plusieurs maisons. On avait compté une vingtaine de blessés et un décès, une femme de 80 ans qui était morte d’une crise cardiaque due à la frayeur.

Plus de 40 morts en 1909

Mais le vrai dernier tremblement de terre dramatique en France remonte à 1909. L'épicentre était à Lambesc, dans les Bouches-du-Rhône, une secousse de 6.2 qui avait été ressentie dans tout le Sud de la France et jusqu’en Italie. C'est la dernière fois que l’on a enregistré des destructions importantes, notamment à Salon-de-Provence, et jusqu'à Montpellier. Environ 3.000 bâtiments avaient été détruits ou endommagés et surtout, le bilan humain a été très lourd: 46 morts et 250 blessés.

De nombreux témoins avaient raconté que quelques minutes avant la secousse principale, le 11 juin 1909, on avait vu des oiseaux qui volaient anormalement bas avec des cris inquiétants, des chiens qui avaient hurlé à la mort et des chevaux qui s’affolaient… C’était donc il y a plus d’un siècle, le dernier grand tremblement de terre en France métropolitaine avec des victimes et des destructions massives.

3.000 morts en Guadeloupe en 1843

Si l’on remonte plus loin, on arrive aux deux terribles tremblements de terre qui ont touché les Antilles françaises au milieu du 19e siècle. En 1839, en Martinique, il y avait eu 300 morts. Et quatre ans plus tard, en 1843 en Guadeloupe, on avait compté 3.000 morts. Le séisme le plus dramatique de l’histoire de France.

En métropole, il faut remonter encore plus loin. La région de Nice avait été touchée par deux terribles tremblements de terre en 1556 et en 1564, qui avaient provoqué la mort de 150 personnes pour le premier puis de 500 personnes pour le second. L’épicentre était dans le village de Roquebillière, qui avait été rayé de la carte… Et cela fait donc 460 ans qu’un tel drame ne s’est plus reproduit.

La cartographie des risques sismiques en France a été révisée il y a une dizaine d’années, avec deux zones où le risque est le plus élevé. Ce sont les Alpes et la Provence d’une part, et d’autre part les Pyrénées où le risque est classé comme “moyen”. Il est “modéré” dans tout l’Est de la France, de Strasbourg à Marseille, ainsi qu’à l’ouest entre Nantes et La Rochelle. Dans tout le reste de la France, c'est-à-dire les trois quarts du pays, le risque est faible ou très faible.

Nous ne sommes pas un pays qui vit dans la peur des séismes. Pas comme chez nos voisins italiens, qui en ont connu beaucoup plus, et bien sûr pas comme les villes de Tokyo ou de Los Angeles, pour ne citer qu’elles, qui vivent dans une angoisse permanente.

Nicolas Poincaré