Marseille ne veut plus des navires de croisière polluants: "L'impact économique est assez opaque"
Les Marseillais n'en peuvent plus des navires de croisière. Benoit Payan, le maire de Marseille, a lancé une pétition "Stop à la pollution maritime en Méditerranée". L’idée est d’interdire aux navires les plus polluants d’accoster dans le port Marseille durant les pics de pollution.
"Cela fait des années que les habitants dénoncent le problème des paquebots à Marseille", déplore ce mardi sur RMC Gwénaëlle Ménez, une militante du collectif Stop Croisières à Marseille. "Cette pollution vient toucher directement les habitants et provoque des maladies dues à la pollution de l'air et d'autres générées par les bateaux", assure-t-elle, dénonçant toute une industrie ultra-polluante.
"Totalement aberrant"
"En mer, ces navires utilisent du fioul lourd, un fioul extrêmement polluant qui dégage énormément de particules fines, d'oxydes d'azote et de soufre. Et au port, ils continuent de s'alimenter avec de l'énergie fossile. Ce sont des paquebots totalement énergivores", ajoute Gwénaëlle Ménez, qui dénonce une activité "qui n'a plus lieu d'être".
"C'est totalement aberrant en termes d'énergie alors que l'on devrait aller vers la sobriété. Au niveau des capteurs, on est très souvent bien au-dessus des seuils de l'OMS sur la qualité de l'air ", assure-t-elle.
À Marseille, les émissions d'oxydes d'azote d'origine maritime, dont 20% sont dues aux bateaux de croisière, ont dépassé pour la première fois en 2018 les émissions routières.
1,8 million de touristes par an
Mais se priver des croisières revient-il à se priver d'une manne économique importante pour la ville? Pas si sûr, explique Gwénaëlle Ménez, alors que l'activité amène chaque été 1,8 million de touristes dans la cité phocéenne.
"L'activité des croisières est très récente à Marseille, une petite dizaine d'années. C'est un parti qui a été pris il y a quelques années et c'est une très mauvaise idée pour nous. Quant à l'économie, on aimerait avoir plus de visibilité. Les études qui sont faites sur l'impact économique pour la région sont opaques et on aimerait plus de transparence", conclut-elle.
De l'autre côté des Alpes, la ville de Venise, en Italie, a pris la décision d'interdire aux paquebots de croisière de s'amarrer près de son centre historique. Sont concernés les bateaux de plus de 180 mètres de long et 35 mètres de haut qui menacent le fragile équilibre de la lagune et défigure la ville. Les plus petits paquebots, accueillants 200 passagers au maximum, peuvent encore accoster.