Mayotte: "J'ai fait comme dans les films", le policier qui a aidé une femme à accoucher témoigne

TEMOIGNAGE RMC. Après le passage du cyclone Chido à Mayotte, les services de santé et d’urgences tournent au ralenti ou sont parfois inaccessibles. C'est le dévouement d’un policier de Mamoudzou qui a permis l’accouchement sans problème d’une habitante. Une belle histoire au milieu de la désolation.

Au milieu du chaos qui règne à Mayotte, la vie tente difficilement de reprendre pour les habitants. Mais parfois, elle essaie aussi de débuter. C’est le cas de cette petite fille née au milieu des décombres, ce mardi à Mamoudzou, sur une île où l’accès à l’hôpital est très compliqué et où la solidarité a pris le dessus.

Alors qu’il était en mission, Anoueche, policier à la Bac de Mamoudzou, a été alerté par des habitants qu'une femme était en train d’accoucher. Face à la situation, le policier, représentant d’Alliance Police à Mayotte, n’a pas hésité.

“Je suis rentré dans la pièce et j’ai dit ‘Oh merde !’ et puis j’ai fait comme dans les films”, explique-t-il à RMC.

Ce papa de deux enfants tente alors d’aider au mieux la maman. “Quand je suis arrivé, on voyait déjà la tête et les cheveux du bébé, alors j’ai mis ma main et j’ai dit à la maman de pousser”, raconte-t-il.

Un accouchement sans formation et grâce au système D

En parallèle, le fonctionnaire reprend sa voiture et trouve un équipage de gendarmerie muni d’une radio pour lancer un appel à l’aide. C’est alors qu’un médecin des urgences, branché sur les ondes, entend l’appel et guide le policier pour procéder à l’expulsion du placenta, mais aussi pour couper le cordon ombilical. “Je n’avais jamais fait ça, alors j’avais peur de mal faire”, détaille le fonctionnaire. “Mais lorsque le bébé a réagi, j’étais soulagé”, confie-t-il.

Il enveloppe alors le bébé dans un bout de drap et avec une bougie, il brûle les lames d’une paire de ciseaux afin de couper le cordon. Le geste est finalement réalisé par une sage-femme, arrivée 20 minutes après la naissance de l’enfant.

"C’est peut-être le signe de la renaissance de ce territoire"

Une bonne nouvelle qui arrive au milieu d’un chaos ambiant et dont le policier entend savourer chaque instant.

“En ce moment, ce genre de bonne nouvelle, ça fait plaisir. Ici, les gens ont dit que c’était le bébé Chido, en référence au cyclone. Peut-être que c’est le début de la renaissance du territoire. C’est le petit moment où on oublie tout et on voit le sourire de la maman qui dit 'tout va bien'”, indique-t-il.

Un geste que ce policier espère porteur. Lui en est convaincu, si la situation en ce moment est extrêmement difficile, c’est de cette manière que le peuple mahorais se relèvera.

Pierre Bazin avec Guillaume Descours