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Mort de Naël à Nanterre: une colère grandissante et des tensions entre habitants et policiers

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Des violences ont émaillé la soirée et une partie de la nuit de mardi à mercredi à Nanterre, après la mort d'un jeune automobiliste de 17 ans tué en raison d'un refus d'obtempérer par un policier, qui a été placé en garde à vue.

Après la mort d’un adolescent de 17 ans, tué par balle par un motard de la police mardi matin après un refus d'obtempérer, des tensions ont eu lieu mardi soir à Nanterre. Au total, vingt personnes ont été interpellées, selon un bilan de la préfecture des Hauts-de-Seine vers 03h. La préfecture du département a fait état de "mouvements sporadiques" dans plusieurs quartiers, ajoutant que des "événements" se poursuivaient, même si leur intensité baissait.

Des voitures incendiées, des jets de projectiles contre les forces de l'ordre et beaucoup de peine dans le quartier. “C’est grave ce qu’il s’est passé. C’est grave…”, insiste Mohammed, père de famille. Face aux forces de l'ordre, il hurle. Il connaissait bien Naël, la victime.

“Nos enfants, c’est de la chair à canon. Aujourd’hui, nous, la police, on n’a plus confiance. À 17 ans, on meurt aujourd’hui en France! Notre police tue aujourd’hui en France! À un moment, il faut se réveiller”, dénonce-t-il.

Youssef, animateur dans le quartier, s'est occupé de Naël jusqu'au CM2. Il se souvient d'une chose en particulier qui le caractérisait. “Son sourire. C’est un petit, je l’ai vu grandir et là, j’apprends qu’il a pris une balle dans le cœur. Ça nous touche tous, les larmes elles vont couler”, indique-t-il.

La violence comme seule réponse?

Des larmes qui coulent et la colère qui reprend vite le dessus. “Nous, on a un petit qui est décédé et on a des policiers qui vont s’en sortir comme à chaque histoire”, déplore-t-il.

Ce sentiment d'impunité de la police, Mehdi, 34 ans, le partage. Il était un ami de la victime.

“Un mort, deux morts, trois morts et après ce sera qui, ce sera moi? Parce qu’un policier va vouloir me contrôler, je vais lui dire non, il va me tirer dessus? Les jeunes du quartier en ont marre de tout ça. Aujourd’hui, je suis un grand, mais j’ai un sentiment de haine de tout ça parce que ça ne s’arrête pas. C’est une rage intérieure et une tristesse de malade”, appuie-t-il.

Selon lui, même s’il ne la cautionne pas, les jeunes du quartier n’ont que la violence pour se défaire de leur colère. En 2022, 12 personnes ont été tuées par la police alors qu’elles étaient au volant ou passagères d’un véhicule.

Martin Bourdin et Romain Poisot avec Guillaume Descours