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Policiers, quartiers, harcèlement de rue... les annonces d'Emmanuel Macron sur la sécurité

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Le président de la République est à Nice ce lundi, pour des annonces sur la sécurité. Un déplacement qui est vu comme un affrontement direct avec la droite de Valérie Pécresse.

Il n'est toujours pas officiellement en campagne, pourtant Emmanuel Macron fait des annonces pour... 2030. Le président de la République a annoncé lundi vouloir "doubler les policiers sur le terrain d'ici 2030", notamment par la suppression de tâches annexes et des réorganisations.

Cette mesure viendra en complément de la création des 10.000 postes de forces de l'ordre depuis le début du quinquennat, a précisé le président à Nice, devant des élus et des associations, lors d'un déplacement consacré à la sécurité.

En septembre, à Roubaix, lors d'un déplacement sur ce thème, le chef de l'Etat avait déjà évoqué ce doublement des effectifs sur la voie publique. Il a expliqué lundi que pour parvenir à cet objectif au cours des cinq prochaines années, la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi) mettrait "un terme aux tâches indues", comme la garde des bâtiments publics, le transfert des détenus, la police des audiences, etc. Au total, cela devrait permettre de dégager "3500 policiers et gendarmes" pour les mettre sur la voie publique.

En outre, Emmanuel Macron a annoncé une accélération du dégagement des policiers et gendarmes des tâches administratives. "Il n'y aura plus, a-t-il dit, à compter de 2023 un seul de ces personnels actifs dans les fonctions de contrôle administratif à nos frontières ou de gestion des centres de rétention administrative (CRA)". "Cela nous permettra de remettre pas moins de 3.000 agents sur la voie publique", a-t-il estimé.

Par exemple, il n'y aura plus de policiers dans l'aéroport de Roissy ni dans celui d'Orly pour contrôler les passeports, mais des personnels administratifs.

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Création d'une "force d'action républicaine pour sécuriser les "quartiers"

Emmanuel Macron a également annoncé la création de 200 brigades de gendarmerie en milieu rural et d'une "force d'action républicaine pour les quartiers" afin de "sécuriser" ces quartiers et d'"aider à démanteler" les points de deal.

"On va créer 200 brigades de gendarmerie en milieu rural qui pourront prendre la forme de nouveaux types d'implantations avec des expérimentations qui vont être lancées dans plusieurs départements", a indiqué le président, "pour remettre de la tranquillité dans les quartiers les plus ruraux".

"Les expérimentations conduites dans plusieurs départements ont prouvé l'efficacité du système, qui rapproche les forces de l'ordre de la population dans des territoires où l'empreinte des services publics est faible", a ajouté le chef de l'Etat devant des élus et des associations, lors d'un déplacement consacré à la sécurité.

Emmanuel Macron a annoncé également la création d'une "force d'action républicaine pour les quartiers", soit "une force d'action qui, dans les quartiers qui connaissent des difficultés, va nous permettre de projeter pendant plusieurs mois des forces de sécurité dédiées qui vont venir sécuriser le quartier, aider à démanteler les principaux points de deal", a-t-il précisé. 

Selon des sources concordantes, cette "force interministérielle" accompagnera "les préfets, dans des territoires exposés à une flambée de violence ou à un trafic de drogue important". Elle sera composée de policiers, d'officiers de police judiciaire (OPJ), de fonctionnaires des finances, mais aussi de personnels éducatifs, de travailleurs sociaux... "Nous n'envoyons pas l'armée mais une aide sécurité/social", selon ces sources.

Renforcement de la cyber-sécurité

Emmanuel Macron a annoncé que le budget de la sécurité serait accru de 15 milliards d'euros sur 5 ans, dans le cadre d'un projet de loi qui sera présenté en Conseil des ministres en mars. Cette "loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur" (Lopmi) - qui ne pourrait être votée qu'après l'élection présidentielle - rajoutera au budget de la sécurité 15 milliards d'euros supplémentaires sur 5 ans, une hausse de 25% sur le budget actuel.

Enfin, Emmanuel Macron a déclaré vouloir tripler à 300 euros l'amende pour harcèlement de rue, un acte qui sera qualifié de "délit", et entend doubler la présence policière dans les transports, dans le cadre d'une future loi sur la sécurité (Lopmi). Dans cette nouvelle loi, qui ne pourrait être votée qu'après 2022, le chef de l'Etat a expliqué vouloir "doubler la présence policière dédiés dans les transports en commun aux horaires où les agressions sont le plus constatées". Il a par ailleurs annoncé le doublement en 5 ans des enquêteurs dédiés aux violences intrafamiliales, portant le nombre à 4000 enquêteurs.

Le chef de l'Etat a également annoncé la création de 1500 cyber-patrouilleurs supplémentaires et d'une école de formation cyber pour lutter contre les attaques numériques, dans le cadre d'un plan d'investissement d'un milliard d'euros. "Il s'agit d'un effort spécifique qui peut être évalué à au moins 1.500 cyber-patrouilleurs supplémentaires - notamment réservistes - pour les prochaines années", a indiqué l'Elysée. L'école de formation sera créée au sein du ministère de l'Intérieur pour former les policiers, les gendarmes et les agents des services de renseignement "sur cette thématique en constante évolution", selon l'Elysée.

Paul Barcelonne avec Guillaume Descours