"C’est une petite révolution": l'installation des dentistes va désormais être régulée

L'Assurance maladie et les deux principaux syndicats de dentistes libéraux ont signé vendredi dernier un nouvel accord tarifaire pour développer la prévention, avec l'objectif d'une "génération sans carie". Pour la première fois, cet accord prévoit, en échange d'une augmentation de leur rémunération, que les dentistes libéraux acceptent de ne plus s'installer dans les villes où il y a déjà assez de praticiens. A moins que l'un d'entre eux ne cède sa place, après un départ à la retraite par exemple.
Un sacré bouleversement, comme le reconnaît Pierre-Olivier Donnat, président du syndicat des chirurgiens-dentistes de France.
"C’est une petite révolution. C’est un sujet extrêmement clivant, même dans nos rangs, puisqu’il prévoit un départ pour une arrivée. C’est une réalité complète pour les dentistes, ces déserts médicaux. Il y a sept fois plus de dentistes dans Paris intramuros par nombre qu’il n’y en a en Corrèze. On peut imaginer les difficultés que cela représente en termes d’accès aux soins. Ces mesures sont destinées à compenser peu ou proue ces graves déficits en praticiens dans ces zones très sous-dotées", explique-t-il ce lundi matin sur RMC.
A la rentrée, Mikael sera officiellement diplômé de l'université de Bordeaux. Une ville où il n'aurait pas eu le droit de s'installer car il y a assez de dentistes. Mais ouvrir son propre cabinet dans un désert dentaire n'est pas une option.
“Il y a beaucoup d’investissements. On parle de 200.000 ou 300.000 euros, rien que pour le matériel”, indique-t-il.
C'est pourquoi il rejoint un cabinet de six dentistes en Corrèze. “J’ai trouvé un cabinet qui va m’accueillir. Ça va être très compliqué pour un jeune chirurgien-dentiste d’aller au milieu de nulle part pour créer son cabinet dentaire”, assure-t-il.
Une aide à l'installation doublée
Et pourtant, afin d'inciter les jeunes comme lui à ouvrir de nouveaux cabinets dans les zones qui en sont dépourvues, la Sécurité sociale double l'aide à l'installation, de 25.000 à 50 000 euros.
Une bonne nouvelle pour Darius Hardeu, président de l'Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire.
“Là, du coup, on n'est plus sur de la coercition, on est sur de l’incitation. Il aurait peut-être fallu se contenter de ça, sans faire cette coercition déguisée. Finalement, c’est des déserts médicaux et d’enseignement pour nous. Donc ça peut être très intéressant d’ouvrir des facultés, en faisant six ans d’études dans une zone où on y ferait sa vie finalement”, estime-t-il.
Les facultés de Caen, Dijon, Rouen et Tours et Besançon ont ouvert des classes l'an dernier. Amiens aura également la sienne en septembre.