Chikungunya : "Il y a une grosse tension sur nos capacités", note le directeur du CHU de La Réunion

Une épidémie généralisée et majeure de Chikungunya est en cours à La Réunion depuis plusieurs mois. Selon Gérard Cotellon, directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) de la Réunion, plus de 100 000 personnes sur près de 900 000 habitants ont été infectés par le virus depuis août 2024. Au total depuis le début de l'année 2025, 6 personnes sont décédées.
Les hôpitaux, eux, sont en première ligne. "Ils arrivent à tenir. Le pic épidémique avait été annoncé pour mi-avril par les épidémiologistes. Nous y sommes", indique Lionel Calenge, directeur général du CHU de La Réunion, invité sur RMC ce dimanche 20 avril 2025.
Une augmentation de 12 % de l'activité aux urgences
L'hôpital doit faire face à un autre problème. "À cette crise sanitaire s'ajoute une crise capacitaire, c'est-à-dire qu'il y a un nombre de lits insuffisant depuis plusieurs mois. On a des taux d'occupation en chirurgie et en médecine de 95 %. On a une augmentation de l'activité aux urgences - à Saint-Denis et à Saint-Pierre - de 12 % sur le dernier mois", précise-t-il.
Malgré une offre "publique et privée performante", cette saturation est difficile. "Il y a vraiment une grosse tension sur nos capacités", souligne Lionel Calenge. Il indique qu'entre 30 et 40 patients atteints de Chikungunya sont accueillis quotidiennement dans les deux services d'urgence du CHU. "Pour bien comprendre, on a eu 581 patients hospitalisés pour Chikungunya depuis le début de l'année, avec 127 patients en pédiatrie et 46 en néonatologie et réanimation néonatale."
1000 soignants vaccinés
Face à cette hausse du nombre de patients, il y a des soignants qui sont eux aussi atteints du virus. Au total, depuis le 7 mars, 540 soignants du CHU ont été en arrêt de travail à cause du Chikungunya. L'hôpital a donc proposé aux soignants volontaires de se faire vacciner, ce qu'un millier d'entre eux a fait. "On peut saluer l'effort de notre personnel", se félicite Lionel Calenge.
Un plan blanc a d'ailleurs été déclenché il y a deux semaines. "Il y a eu des ouvertures de lits de médecine supplémentaires, on a aussi transformé des hôpitaux de semaine en médecine post-urgences. On a recruté des paramédicaux, des infirmiers", précise-t-il.
"On a beaucoup appris sur le Chikungunya depuis 2006"
En plus de l'épidémie de Chikungunya, le CHU a dû faire face aux dégâts causés par le cyclone Garance, qui a frappé l'île le 28 février. "On a dû déprogrammer plus de 300 patients" à la suite du cyclone.
La situation devrait commencer à aller mieux dans les prochaines semaines, après le pic épidémique. Ce qui est sûr, c'est que le CHU "a beaucoup appris sur le Chikungunya depuis 2006, l'hôpital est le leader mondial de la recherche sur ce virus". Il explique : "Par exemple, on a mieux compris les facteurs environnementaux qui accélèrent l'épidémie. On connaît également mieux les symptômes du chikungunya, comme les douleurs chroniques qui peuvent durer des années, mais aussi sur les formes graves. Enfin, on a compris aussi qu'il y avait une transmission de la mère à l'enfant."