Contraception masculine: le boom de la vasectomie en France
Cette semaine, des chercheurs américains ont annoncé qu’une pilule contraceptive masculine était 100% efficace sur les souris. Les tests vont bientôt commencer sur les humains. En attendant des tests concluants et une mise sur le marché, il existe deux solutions officiellement reconnues par la Haute autorité de santé en France: le préservatif et la vasectomie dont le succès grandit en France. En France plus de 23.000 hommes y ont eu recours en 2021, soit dix fois plus que dix ans auparavant.
Cette opération chirurgicale sert à couper les canaux qui transportent les spermatozoïdes jusqu’aux testicules. Une fois ces canaux coupés, le sperme est dépourvu des spermatozoïdes et l’homme est donc stérile. Cette opération, efficace à 99,9%, est complètement remboursée par la sécurité sociale, dure moins de 30 minutes, est peu douloureuse et avec très peu de risque de complication.
Retirer une charge mentale
Parmi ces 23.000 personnes, il y a Mathieu Girard. Ce père de famille de 39 ans vit à Limoges avec sa compagne et ses deux enfants. En novembre dernier, il a fait une vasectomie. Pour justifier son choix, il explique qui lui et son épouse n'ont "pas envie d'avoir un troisième enfant": "ce n'est pas notre projet de vie et je me suis dit que c'est le moment, il faut se lancer."
"J'ai été frappé par la simplicité de l'intervention. Ça pouvait être une charge mentale de se dire qu'on a besoin de prendre une précaution alors que là on n'a plus à y penser."
Mais faire une vasectomie n'est pas une décision qui se prend à la légère. C'est la raison pour laquelle, entre le premier rendez-vous et l’opération, un délai de réflexion de quatre mois minimum est imposé au patient. Précisons que la vasectomie n’a aucune influence sur le plaisir sexuel et ne protège d’aucune maladie sexuellement transmissible.
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Qui sont les patients qui font une vasectomie?
Parmi les personnes qui font le choix de la vasectomie, le profil le plus classique est celui de Mathieu. Environ deux-tiers des candidats à la vasectomie ont une quarantaine d’années et sont déjà parents. Mais il y a aussi de plus en plus de jeunes, sans enfant: "C'est la tranche qui augmente. Des hommes qui ne veulent pas d'enfant, de plus en plus jeunes: 25 à 30 ans. Le plus jeune a 20 ans", explique Vincent Hupertan, spécialiste de la vasectomie. Depuis quelques mois, il est assailli par les demandes: il a opéré 45 hommes rien qu'au mois de janvier.
"En fait, il n'y a pas d'âge. Ce sont des millénials qui disent, non on ne veut pas d'enfant, nous on a envie de profiter de la vie."
Si la vaséctomie est considérée par les autorités sanitaires comme un acte irréversible, l'opération inverse est, en réalité, possible. Mais les chances de succès sont loin d’être garanties.
Si on constate un vrai intérêt, assez nouveau, il reste encore très marginal en France par rapport à ce qui se fait dans d’autres pays. Au Canada, où l’opération se fait en 15 minutes en cabinet, un homme sur cinq a fait une vasectomie. Aux Etats-Unis, plus de 500.000 hommes le font tous les ans. D'ailleurs, les demandes de consultation sur le sujet explosent depuis la remise en cause par la Cour suprême du droit à l’avortement.