Guerre des assiettes dans les cantines de Bordeaux: "Nos enfants avalent des molécules dangereuses"

Les parents d'élèves des cantines bordelaises, qui ont obtenu du maire Alain Juppé le retrait des assiettes en plastique dans les cantines, ne comprennent pas l'attitude du personnel municipal qui contestent ce retrait, au prétexte que les assiettes en céramique sont trop lourdes. RMC.fr a joint Jean-Philippe Larrieu, du collectif Cantines sans plastiques.

Jean-Philippe Larrieu, du collectif Cantines sans plastiques.

"Suite à notre mobilisation, nous avons obtenu du maire de Bordeaux Alain Juppé le retrait, au 1er janvier prochain, des assiettes en plastiques. Nous étions satisfaits de cette décision. Bon, Alain Juppé a dit que la dangerosité de ces plastiques relevait du 'fantasme', c'est son interprétation des choses. On nous a fourni des résultats d'analyses qui prouvent qu'il y a du bisphénol A dans ces assiettes, qui est interdit par la réglementation dans les contenants alimentaires, du coup, je ne vois pas où se trouve le fantasme dont parle le maire de Bordeaux. Reste qu'il les a tout de même interdits.

On sait qu'il est dangereux de faire réchauffer les contenants alimentaires en plastiques, car cela favorise les échanges de molécules entre les aliments et le plastique. Nos enfants se retrouvent à ingurgiter des molécules potentiellement dangereuses, notamment du bisphénol A, un perturbateur endocrinien. On n'est pas en mesure de savoir si tout est sain dans les plastiques, c'est pourquoi nous demandons l'application du principe de précaution.

"Pas de preuves qu'il y a plus de troubles musculo-squelettiques pour les personnels"

Aujourd'hui les agents municipaux de la cantine manifestent contre le retrait de la vaisselle en plastique, mais eux-mêmes mangent dans ces assiettes, donc elles ne sont pas bonnes pour leur santé non plus. Si les agents veulent le maintien de la vaisselle en plastique c'est pour des raisons de poids. Ils disent que depuis que la vaisselle est en plastique, il y a moins de troubles musculo-squelettiques. Mais je ne vois pas sur quoi ils se basent pour dire ça puisque l'étude n'a pas encore été menée à son terme. La vaisselle plastique n'a été mise en place qu'en janvier dernier et il n'y a pas assez de recul pour faire une évaluation correcte. De plus les analyses concernant la baisse des troubles musculo-squelettiques ne sont pas terminées.

"On espère que le mouvement va faire tache d'huile"

Selon nous, c'est plus un problème de manque de personnel qu'un problème de vaisselle. Il y a des études d'ergonomie des postes à faire. Et je ne pense pas que ce soit uniquement en changeant un élément des cantines scolaires que l'on va améliorer en totalité les conditions de travail des agents. On ne demande d'ailleurs pas un retour à la vaisselle en céramique. Il existe du verre trempé relativement léger, beaucoup moins lourds que les assiettes traditionnelles (280 grammes contre 400 – une assiette plastique en copolyester pesant, elle, 220 grammes).

On espère que le mouvement va faire tache d'huile. Le premier collectif sans plastiques s'est monté à Strasbourg et depuis d'autres se créent à Montpellier, Montrouge, Toulouse, Pau. Il y a des gens de toute la France qui nous contacte pour essayer de lutter contre cette mode du tout plastique."

Propos recueillis par Philippe Gril