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Cantines: "Les parents veulent de la qualité, du bio, mais râlent quand on augmente les prix"

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Le tarif des cantines scolaires va augmenter dans plusieurs communes à la rentrée prochaine. Mais le prix est-il à la hauteur de la qualité des repas servis? Selon Stéphane Beaudet, président de l'association des maires d'Île-de-France, ces hausses s'expliquent.

Stéphane Beaudet, maire (LR) de Courcouronnes (Essonne) et président de l'Association des maires d'Ile-de-France.

"La cantine a cette particularité d'être une compétence non-obligatoire des communes. Alors même que les dotations de l'Etat continuent de baisser - 60% de dotations en moins en 2017 - on maintient ce service public dans toutes les villes alors même qu'il s'agit du premier poste de dépenses de fonctionnement d'une ville (5% du budget en moyenne).

"Un repas coûte 11€ à la mairie, mais les parents paient entre 1 et 5€"

Je rappelle que c'est le premier service public d'une commune, c'est le plus cher et celui que les concitoyens paient le moins. A Courcouronnes, un repas complet coûte 11 euros par élève. Il y a 5,60 euros de repas lui-même et le reste est composé du coût de la main d'œuvre, de la matière première et des locaux. Dans ma commune, les foyers paient le repas entre 1 et 5 euros en fonction du quotient familial. Vu que ma population est populaire, la majorité paie 1 euros. La restauration scolaire me coûte un peu plus d'un million par an, alors que les recettes payées par les habitants représentent en 350.000 euros potentielles. Je dis potentielles parce que certains ne paient pas leur facture.

Donc si on continue à nous baisser les dotations de l'Etat, il y a un moment où la seule solution qui reste au maire c'est: soit augmenter les impôts, soit augmenter les tarifs, ou enfin d'arrêter le service, - si j'enlève les cantines je n'ai plus de problèmes financiers pendant 5 ou 10 ans. Mais c'est évidemment irréaliste, et les deux premières possibilités sont impopulaires. Et moi, je ne suis pas un magicien.

"Les Français ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont"

Je n'excuse pas les maires qui augmentent les tarifs des cantines. Mais en face, les parents, et c'est normal, sont de plus en plus exigeants et demandent plus de qualité, du bio et du circuit court. Il y a cette antinomie permanente avec laquelle on doit jongler, nous maires. Nous avons instauré dans toutes les villes des commissions pour faire des menus, épaulés par des diététiciens avec des réunions trimestrielles avec les parents. Donc il y a un effort sur la qualité. Et la qualité est au rendez-vous. On ne se rend pas compte de la chance qu'on a de vivre dans ce pays et de la réalité du service public que l'on a. Oui, on paie beaucoup d'impôts, mais la qualité est présente.

En France, on paie plus d'impôts que les pays voisins, mais dans ces pays, la vie quotidienne est beaucoup plus chère et les citoyens paient les choses à leur tarif réel. A Paris, vous ne payez ainsi que 30% du prix de transport, le reste étant couvert par la fiscalité globale, alors qu'à Londres vous payez 100% du prix du billet."

Propos recueillis par Philippe Gril