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"J'ai décidé de mourir à 75 ans": Thomas Misrachi se confie sur la fin de vie

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Auteur du livre "Le dernier soir", publié le 17 janvier dernier, Thomas Misrachi partage son expérience sur la fin de vie sur RMC. Il souhaite avoir recours à l'euthanasie, "mourir à 75 ans" et raconte la manière dont il a accompagné une amie jusqu'à sa mort.

Choisir l'âge de sa mort pour la maîtriser. C'est la conviction profonde du journaliste Thomas Misrachi, un sujet qu'il évoque dans son nouveau livre "Le dernier soir", publié le 17 janvier dernier. Dedans, l'homme de 52 ans se confie sur la fin de vie, l'euthanasie et sa peur de "ne pas maîtriser sa mort", explique-t-il. Invité des Grandes Gueules sur RMC ce mercredi, il assure ne "vouloir convaincre personne".

"Ce dont je ne veux pas, c'est mourir dans un Ehpad, [...] c'est voir mon corps se dégrader, [...] c'est cette pression que l'on inflige aux autres qui nous accompagnent dans ces dernières années de vie. Je ne veux pas de ce fardeau", confie-t-il avec émoi.

Thomas Misrachi a donc décidé du moment de sa mort: "J'ai décidé de mourir à 75 ans, dans 23 ans. Tout le monde me dit: 'c'est très tôt, peut-être que tu seras en forme'. Ce sera peut-être un an de plus, un an de moins. J'ai une fille qui a six ans, peut-être qu'elle sera enceinte et qu'elle me demandera de rester jusqu'à la naissance de son enfant. Je ne sais pas ce qu'il se passera", mais c'est une conviction "forte" que l'auteur assure avoir "toujours eue".

"Un jour elle m'a demandé d'être là le dernier soir"

Cette conviction, le journaliste la partageait avec Sylvie, une femme qu'il a accompagnée jusqu'à la fin de sa vie. Dans son livre, Thomas Misrachi raconte ses ultimes moments de vie. "Elle était moi de 25 ans en avance. Toutes ses convictions, toutes ses peurs, tous ses doutes, je les partage", raconte-il.

Le témoignage du jour -" J’ai décidé de mourir à 75 ans", Thomas Misrachi - 21/02
Le témoignage du jour -" J’ai décidé de mourir à 75 ans", Thomas Misrachi - 21/02
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Cette "amie de 77 ans", le journaliste la rencontre lors d'une interview qu'il réalise pour les antennes de BFMTV car "elle avait annoncé vouloir se donner la mort, parce qu'elle considérait avoir fait le tour de sa vie".

Tous deux se sont revus par la suite, se sont rapprochés, sont devenus amis et sont même partis en vacances ensemble. "Un jour elle m'a demandé d'être là le dernier soir, le dernier jour, le jour où elle mettrait fin à sa vie", explique Thomas Misrachi, qui lui fait la promesse d'être présent.

"À 19 heures, elle était vivante, à 23 heures, elle était morte"

En mars 2022, "quelques années plus tard, elle m'appelle et me dit: 'c'est ce soir, est-ce que tu viens'?". Après un "moment de doute", Thomas Misrachi respecte sa promesse.

"Je suis allé chez elle à 19 heures, elle était vivante. Je suis reparti de chez elle à 23 heures, elle était morte", témoigne-t-il.

Initialement, Sylvie voulait faire cela en Suisse de façon légale. Mais depuis "une dizaine d'années", elle avait en sa possession un "produit qu'elle avait conservé" pour se donner la mort chez elle. "Elle avait tout préparé. On a passé cette soirée comme une soirée normale", continue-t-il.

"Pour ne pas oublier"

Cette dame, âgée de 77 ans au moment de sa mort, "n'avait pas de maladies graves, elle avait des polypathologies liées à la vieillesse", des maladies assez "classiques" à cet âge-là selon lui.

Pour ne pas avoir assisté une personne en danger ce soir-là, Thomas Misrachi "pourrait être poursuivi pénalement, je risque plusieurs années de prison". Mais malgré les risques, l'auteur voulait témoigner.

"L'été dernier, je parlais avec quelqu'un qui connaissait cette personne et je commençais à oublier des détails de cette histoire. Je me suis dit qu'il ne fallait pas que j'oublie parce qu'un jour je raconterai cette histoire, j'en parlerai", confie-t-il.

Après avoir écrit ça d'une traite, il le fait lire à un ami qu'il a en commun avec Sylvie. Ce dernier lui dit de le publier. Thomas Misrachi choisit les éditions Grasset pour raconter cette histoire. "Je l'ai racontée pour ne pas oublier et ce témoignage méritait d'être raconté", précise le journaliste.

T.R.C.