Kinder, Buitoni, fromages... Comment expliquer la multiplication des scandales alimentaires?
Les scandales alimentaires se succèdent. Ces derniers jours, le groupe Ferrero a rappelé en France des lots de produits Kinder produits en Belgique, en raison d'un lien "potentiel" avec des cas de salmonelle. Mardi, ce sont également six fromages commercialisés par plusieurs grandes enseignes qui ont été rappelés, car ils pourraient contenir la bactérie responsable de la listériose, une infection alimentaire meurtrière dans 25% des cas.
La semaine dernière, le scandale des pizzas surgelées de la marque Buitoni a éclaté, avec des produits soupçonnés d'être à l'origine d'au moins 75 infections par la bactérie E.Coli et potentiellement la mort de deux enfants. Et face à ces affaires, les consommateurs se posent des questions.
“Je trouve ça scandaleux, on se demande comment ça se fait. Sur les chaînes de production qu’est-ce qu’ils font? Est-ce qu’il y a assez de contrôles? Aujourd’hui, c’était Kinder, demain ce sera autre chose… Je pense qu’il y a un relâchement de la discipline dans les grosses boîtes et ça devient un peu inquiétant”, se soucient des consommateurs.
"On rogne sur tout"
Mais qu'est-ce qui peut expliquer ces scandales sanitaires? Pour Maryse Treton, secrétaire de la fédération agroalimentaire de la CGT, c'est la recherche de marges des industriels qui les pousse à la négligence.
“On rogne sur la qualité des matières premières, on rogne sur la maintenance industrielle, on rogne sur les nettoyages… Les exigences de rentabilité financière sont telles qu’on rogne sur tout”, affirme-t-elle.
Baisse des effectifs à la répression des fraudes
Comment alors protéger les consommateurs? Par les contrôles des entreprises agroalimentaires. Ils sont de deux sortes. La première est ce qu'on appelle l'autocontrôle. C'est l'entreprise, elle-même, qui fait effectuer des prélèvements à un laboratoire qu'elle choisit et c'est elle qui reçoit les résultats.
Et cela pose un énorme problème selon Richard Ramos, député Modem du Loiret. "Il peut y avoir des petits arrangements entre celui qui fait les contrôles dans les entreprises et qui souvent fait un gros chiffre d'affaires avec l’entreprise en question surtout quand ce sont de très gros groupes. Et donc il faut absolument qu’il y ait l’œil de la force public et de l’Etat. C’est primordial", juge-t-il.
L'Etat est justement en charge du deuxième type de contrôles, menés par les agents de la répression des fraudes. Mais leurs effectifs ont baissé de près de 20% en 10 ans comme l'explique Roland Girerd, co-secrétaire général du premier syndicat à la répression des fraudes Solidaires CCRF.
“Il faudrait davantage de contrôles inopinés, mais ça veut dire qu’il faudrait des effectifs suffisant très au-delà de ce qu’ils sont maintenant”, admet-il.
Dans le Lot, par exemple, il n'y a aujourd'hui plus qu'un seul agent de la répression des fraudes pour contrôler tous les restaurants et unités de fabrication d'un département.
"Un manque de contrôle des auto-contrôles"
"Ces scandales révèlent une nouvelle fois les défaillances du système", appuie Karine Jacquemart, directrice de l’association Food Watch, organisation à but non lucratif qui se bat pour "une alimentation sans risques, saine et abordable pour tous".
"La bonne nouvelle, c'est que l'on a une réglementation européenne très forte qui indique des responsabilités pour les entreprises et les autorités publiques. Mais la mauvaise nouvelle, c'est que ce n'est pas assez appliqué. Les entreprises ont l’obligation de faire des autocontrôles mais il y a un manque de contrôle de ces auto-contrôles. Ca devrait être la responsabilité finale des autorités publiques qu’il n’y a pas de trous dans la raquette. Or on n’arrête pas d’enlever des moyens à ces autorités publiques", a développé Karine Jacquemart.