La sécu s'attaque aux arrêts maladies abusifs, les médecins dénoncent une "campagne d’intimidation"

Les arrêts maladies vont être plus surveillés. En annonçant avoir identifié "10 milliards d'euros d'économies", Bruno Le Maire a indiqué cette semaine vouloir s'attaquer à l’explosion des arrêts maladies, en hausse de 8 % en un an.
Ceux qui sont pointés du doigt par l'Assurance maladie et le gouvernement, ce sont les médecins gros prescripteurs.
"Il y a des arrêts maladies qui sont justifiés [...] puis il y a des abus" qu'il faut "sanctionner" a martelé, Bruno Le Maire, qui appelle à responsabiliser les salariés, les chefs d'entreprise et les médecins. En parallèle, l'Assurance maladie a lancé une campagne de redressement contre les médecins "gros prescripteurs". Ils sont un millier, soit 2% des médecins généralistes et ils sont en ce moment contactés par l'Assurance maladie qui leur demande de réduire leurs prescriptions d'arrêts maladies.
Le docteur Thibault Barbier a reçu la semaine dernière un appel de l'Assurance maladie. Elle lui reproche de prescrire deux fois plus d'arrêts de travail que les autres médecins de sa région des Pays de la Loire.
“Quand je mets un arrêt à quelqu’un, c’est qu’il en a besoin. J’ai beaucoup de patients qui ont un emploi dans l’industrie, dans des usines, donc ce sont des personnes qui sont plus soumises à la rudesse du travail que ceux qui travaillent dans un bureau. Et donc il y a tout un tas de pathologies qu’on ne peut pas résoudre d’un coup”, indique-t-il.
Les syndicats en colère
L'Assurance maladie le menace de contrôler strictement les arrêts maladies qu'il prescrit s'il ne les réduit pas. Un procédé qui provoque la colère du syndicat de médecins MG France et de sa numéro 2, le docteur Margot Bayart.
“C’est une campagne d’intimidation. L'objectif est uniquement économique. On cible les médecins généralistes, on leur fait peur comme ça, ils vont prescrire un petit peu moins et ils vont faire quelques économies de bouts de chandelles et ça n’aura aucun effet parce que le problème est systémique. Les fainéants ou les personnes qui ne veulent pas aller travailler sont minoritaires. La majorité, ils sont mal, ils ne sont pas reconnus, ils ont une perte de sens”, appuie-t-elle.
Selon ces médecins l'allongement des délais pour décrocher un rendez-vous chez un spécialiste explique aussi que les salariés soient arrêtés plus longtemps.