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Le gouvernement envisage le pass sanitaire en entreprise: "On va être obligé de suspendre des gens" explique un patron de PME

Faudra-t-il bientôt présenter son pass sanitaire pour aller travailler? Une réunion se tient ce lundi entre la ministre du Travail Elisabeth Borne, et les partenaires sociaux, pour discuter de cette éventualité, évoquée par Olivier Véran samedi.

Arriver au travail le matin, présenter son pass sanitaire, ça semblerait normal à Mouaad, ingénieur dans le secteur automobile: "Personnellement cela ne me dérange pas, je fais bientôt faire ma troisième dose. Ça rassure de savoir que tout le monde est vacciné autour de soi, au moins si un collègue ne met pas son masque, on se dit que ça va".

Paul-Antoine n'est pas contre non plus mais ce salarié d'un grand groupe, vacciné, s'inquiète surtout de voir des bureaux vides: "Je suis toujours sur le site, j'ai fait ce choix-là parce que j'aime bien voir mes collègues mais ça va être triste de ne pas en voir certains".

"On a le droit d'avoir tort et d'aller travailler quand même"

Ces non-vaccinés, Clara aimerait bien que le gouvernement essaie de les convaincre, plutôt que de les forcer: "C'est quand même aller beaucoup trop loin et ça me paraît vraiment liberticide. Je suis totalement vaccinée et pour le vaccin. Je trouve que c'est n'importe quoi, on a le droit d'avoir tort et d'aller travailler quand même".

Sans compter que pour les entreprises, la mesure risque de faire des trous dans les plannings: "Aujourd'hui on a à peu près 5 à 10% des salariés qui ne sont pas vaccinés", assure Mathieu Coquer, le patron d'une PME dans le nettoyage. "On sera obligés de les mettre de côté, de les suspendre et de recruter de nouvelles personnes. Ça fait beaucoup de travail en plus. Je ne me vois pas essayer de convaincre les non-vaccinés. On n'a pas envie de se braquer avec eux parce qu'on a envie de continuer à travailler".

"Concentrons-nous sur les zones de brassage"

C'est pour cela que Benoit Serre, vice-président de l'Association nationale des DRH, demande de la flexibilité, au gouvernement, alors que la ministre du Travail Elisabeth Borne, doit prendre la température des partenaires sociaux sur le sujet et imaginer les contours de cette mesure ce lundi.

"Soyons intelligents sur la mise en œuvre en évitant une mise en œuvre généralisée parce qu'il n'y a pas deux entreprises qui se ressemblent. Concentrons-nous sur les zones de brassage comme les restaurants d'entreprise où une grande salle de réunion, de manière à cibler plus fortement le pass sanitaire plutôt que d'avoir une application généralisée dont on sait qu'elle sera quasiment ingérable".

Dans les secteurs où le pass sanitaire est déjà demandé aux salariés, comme la restauration, 3 entreprises sur 10 font état de perturbations de leur activité.

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Martin Cadoret (avec Guillaume Dussourt)