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Mesures sanitaires: "En région PACA, c'est la fête du slip", tacle un médecin parisien

Invité de RMC, Mathias Wargon, chef du service des urgences SMUR de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis craint un confinement en Île-de-France et déplore le non-respect des mesures dans certaines régions.

Après la Côte-d'Azur, c'est au tour de Dunkerque et sa région d'être confiné le week-end. Et d'autres départements pourraient connaitre le même sort alors que le gouvernement s'inquiète de la résurgence de l'épidémie de Covid-19. Ces départements sont situés dans quatre régions particulièrement touchées: les Hauts-de-France, l'Île-de-France, le Grand-Est et la région Provence-Alpes-Côte-D'Azur: "En Île-de-France, on est très proches des chiffres de Dunkerque, on a un peu peur d'être les prochains", s'inquiète ce jeudi sur RMC Mathias Wargon, le chef du service des urgences SMUR de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis. Et surtout en Île-de-France, l’incidence augmente beaucoup plus vite qu’ailleurs alors que la Seine-Saint-Denis et Paris inquiètent particulièrement.

La situation à l’hôpital y est proche de la saturation : "Tous les jours cela arrive progressivement. On a 4-5 patients quotidiennement qui arrivent et qu'il faut hospitaliser". Conséquence, les transferts entre hôpitaux ont déjà commencé : "On commence à avoir du mal à trouver des lits. On en déplace et cela nécessite de gros ajustements. On va commencer à déprogrammer franchement des opérations", prévient le praticien.

"Il aurait fallu confiner plus tôt, plus durement et généraliser encore plus le télétravail"

Alors comment en est-on arrivé-là alors que le gouvernement se félicitait de la "bonne" situation il y a un mois tandis que les médecins s’inquiétaient et réclamaient déjà un confinement: "C’est facile de commenter mais à posteriori, on peut se dire qu'il aurait fallu confiner plus tôt, plus durement et généraliser encore plus le télétravail".

Cette hausse du taux d'incidence et du nombre de malades n'est pas uniquement due aux variants selon le médecin. Mathias Wargon appelle à continuer à respecter les gestes barrières et constate qu'à l'instar des premières vagues, le virus touche d'abord les plus jeunes avant de se transmettre aux plus âgés, pour qui une contamination nécessite plus souvent une hospitalisation.

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"Fête du slip" et tacle appuyé sur l'hydroxychloroquine

"Je suis inquiet car notre hôpital commence à saturer et on déborde de malades. Tous les week-ends on se prend une vague. J’aimerai bien que ça s’arrête. Il n’y a pas que le confinement, il y a plein de choses pour ralentir la progression du virus en mettant son masque dans la rue, en télétravaillant si possible".
"Quand l’incidence monte, elle se fait d’abord dans les populations les plus jeunes, chez les 20-29 ans, et ensuite cela s’étend aux populations d’âge supérieur. C’est comme ça que cela flambe à chaque fois", explique-t-il.

Est-ce alors cet afflux de population relativement jeune qui pendant les périodes de vacances auraient contribué à la flambée de cas dans le sud alors que la Côte-d'Azur est confiné pour deux week-ends? Pas si sûr juge le médecin qui déplore une application aléatoire des restrictions sanitaires dans la région et en profite pour tacler le traitement à l'hydroxychloroquine: "L'application des mesures a été catastrophique. On disait que c'était un truc de Parisiens mais en PACA, c'est la fête du slip depuis le début, et pas seulement parce que les Parisiens y vont en vacances. Les politiques locaux ont fait croire qu'il suffisait de prendre un peu d'anti-paludéen pour que tout aille bien. Si on veut régionaliser ", tacle-t-il.

Enfin, si Mathias Wargon a l'impression de voir une baisse de la mortalité, il craint les séquelles à long terme: "On meurt moins mais les gens vont-ils garder des troubles cardiaques, des troubles respiratoires, des pertes de l’odorat et du goût ? on verra a posteriori" Et d’évoquer sa propre situation : "J'ai été contaminé il y a un an, j'avais perdu le goût, je l'ai retrouvé et je l'ai encore perdu en ce moment".

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Guillaume Dussourt