"On est 7 au lieu de 24": au coeur des urgences de Cherbourg, contraintes de limiter l'accueil
"Les choses ne s’améliorent pas et c’est plutôt de pire en pire". Le Pr Rémi Salomon alertait lundi sur RMC sur une situation toujours plus chaotique dans les hôpitaux français malgré la décrue du Covid. Emmanuel Macron et Brigitte Bourguignon, la nouvelle ministre de la Santé, sont ce mardi au Centre hospitalier de Cherbourg, pour un déplacement consacré à l'accès aux soins urgents et non programmés.
Car en effet, depuis plusieurs semaines, plusieurs services d'urgences partout en France ont dû fermer ponctuellement ou limiter leur activité. C'est le cas à Senlis, à Nancy, ou encore à Bordeaux. Selon un rapport établi par l’association Samu-urgences de France, 120 services d’urgences sont en détresse, et cela affecte notamment 14 des 32 plus gros hôpitaux de l’Hexagone.
De leur côté, 75 soignants ont lancé lundi un SOS à Elisabeth Borne, la nouvelle Première ministre, intitulé "Créons des postes pour éviter le naufrage !". Si rien n’est fait, disent-ils dans leur tribune dévoilée dans Le Parisien, "un avenir très sombre nous attend".
"On est censé tourner avec un effectif de 24 médecins, on n'en a plus que 7"
Depuis janvier 2022, à Cherbourg, l'accès aux urgences était limité de 19h à 8h30. Depuis lundi, l'accès aux urgences est désormais limité entre 15h et 8h30. C'est le 15, le Samu, qui évalue désormais l'état des patients et les oriente si besoin vers les urgences. Ce service ne peut plus accueillir tout le monde, comme l'explique Lucier Merlier, membre du syndicat Force Ouvrière, qui y est infirmière.
"Est-ce que les gens vont quand même penser à venir s'ils ont vraiment besoin? Il faut absolument que les gens comprennent que ce n'est pas fermé, c'est juste qu'il nous faut un filtre à l'entrée, sinon on ne peut plus s'en sortir. On est censé tourner avec un effectif de 24 médecins, on n'en a plus que 7. Du coup, on n'a plus assez de médecins seniors pour prendre en charge les patients."
"Il y a une sorte de fatalisme qui amène les gens à se soigner par eux-mêmes"
Si les urgences de l'hôpital sont débordées, la médecine de ville n'est pas mieux lotie. Rémi Besselièvre, président de l’association citoyenne de défense du Centre hospitalier public du Cotentin, s'inquiète de cette situation.
"Il y a une sorte de fatalisme qui amène les gens à se soigner par eux-mêmes. Il y a aussi une résignation qui amène des gens à retarder la prise en charge. Il y a une colère car je reçois des appels quotidiens de gens qui me racontent qu'ils ont été refoulés de l'hôpital et que leur médecin ne peut pas les voir car il est débordé, et ne savent pas comment faire. Là, on est vraiment très inquiets pour les semaines qui vont arriver. C'est dèjà très difficile de se faire soigner, et ça va être difficile pour la période estivale."
"On va vers la catastrophe"
La visite d'Emmanuel Macron et de Brigitte Bourguignon dans cet hôpital agace Christophe Prudhomme, porte-parole de l'association des médecins urgentistes de France.
"C'est un voyage à visée médiatique, nous sommes en situation de crise, on aurait pu espérer que le gouvernement organise immédiatement des réunions avec les partenaires. Si la solution préconisée par M. Macron est que les gens qui arrivent dans les urgences appellent le SAMU centre 15, les standards vont exploser. On va vers la catastrophe."
Il plaide pour une nouvelle organisation des gardes avec les médecins du public du privé et du libéral.