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"C'est de pire en pire": l'hôpital craque et manque de tout, alerte Rémi Salomon

Rémi Salomon, président de la conférence des présidents des commissions médicales d’établissement de CHU, alerte sur RMC d'une situation qui empire toujours, notamment dans les services d'urgences, et réclame une hausse de salaire immédiate sur les horaires de nuit et de week-end pour motiver les soignants à ne pas quitter le métier.

Le signal d'alarme continue d'être tiré par les soignants, qui alertent d'une crise qui s'aggrave un peu plus chaque jour. Rémi Salomon, président de la conférence des présidents des commissions médicales d’établissement de CHU, a rappelé ce lundi sur RMC que la situation était catastrophique malgré le contexte de stabilisation de la pandémie de Covid-19.

"Les choses ne s’améliorent pas et c’est plutôt de pire en pire. Aussi bien au niveau des gros CHU, que des centres hospitaliers ruraux, mais aussi la médecine de ville. C’est l’ensemble du système de santé qui, aujourd’hui craque. Quand on parle de crise des urgences, c’est l’ensemble", souligne-t-il face à Apolline de Malherbe en direct.

"Ceux qui restent doivent faire plus d’heures supplémentaires et au bout d’un moment, craquent"

Selon lui, il manque du monde "à peu près partout" et dans tous les domaines des soins. "En ville il manque du monde, la résultante des politiques prises depuis 20 ans. A l’hôpital il manque des médecins, des infirmiers, et beaucoup. Ce qui fait que beaucoup de lits sont fermés. On n’a plus de candidats, à force d’avoir une politique qui était essentiellement fixée à partir d’un budget au lieu des besoins... Il va falloir que ça change."

En France, au moins 120 services d'urgence ont été forcés de limiter leur activité ou s'y préparent, faute de soignants, selon une liste établie par l'association Samu-Urgences de France (SUdF). "Ce qui est sûr, c’est qu’il y a beaucoup d’endroits où on ne peut plus avoir un service d’urgence 24h/24h et 7 jours sur 7, et ce nombre a tendance à augmenter. A l’endroit où ça manque, ceux qui restent en pâtissent, doivent faire plus d’heures supplémentaires et au bout d’un moment craquent."

"Quand on a des conditions qui ne permettent plus de soigner correctement, au bout d’un moment on se décourage"

Il faudrait, selon Rémi Salomon, "rompre la spirale infernale" et que les nouvelles équipes gouvernementales de Brigitte Bourguignon, prennent des mesures très vite car il craint que les troupessoient de polus en plus nombreuses à jeter l'éponge.

"On a vécu deux ans de Covid, avec une sollicitation très forte pour certains… Demander toujours plus, au bout d’un moment, on jette l’éponge. Quand on choisit ce métier, on a envie de bien faire, de bien soigner. Mais quand on a des conditions qui ne permettent plus de faire ça, au bout d’un moment on se décourage. C’est ce qui me fait peur aujourd’hui, c’est le découragement. Il faut redonner du courage et une perspective à ceux qui sont encore dans les hôpitaux. Quand les gens jettent l’éponge, pour les faire revenir, c’est beaucoup plus compliqué, c’est maintenant qu’il faut faire, et il faut faire vite"

Il va rencontrer la ministre de la Santé dans les prochains jours pour lui exposer tous ces problèmes et donne quelques pistes sur ce qu'il faudrait faire dans l'immédiat pour stopper l'hémorragie.

"Ce qu’on peut faire tout de suite c’est augmenter le salaire de ceux qui travaillent la nuit et le week-end. C’est une contrainte forte qui est de moins en moins acceptée par les soignants. Ils veulent juste travailler à peu près comme les autres, comme le reste de la population, le temps où on travaillait 80 heures par semaine, c’est passé, où on vous rappelle au dernier moment le weekend, c’est de plus en plus dur. Il faut aussi des perspectives sur les conditions de travail. Dire qu’on va regarder ce dont on a besoin pour bien soigner."

Selon lui la qualité des soins risque d'en pâtir encore plus: "Prendre le temps d’expliquer un traitement c’est important aussi, le caractère humain parfois est totalement gommé. Il y a un risque de dégradation de la qualité du soin."

J.A.