"On ne sait pas où on va, on en a tous marre": dans une Guadeloupe en pleine crise, les premières pénuries se font ressentir
Dans la cuisine de son restaurant de bord de mer à Saint-François, Charlie montre un frigo vide.
Le poulet, les côtes de porc et certains poissons n'arrivent plus depuis une semaine: "Aujourd'hui j'ai dû refuser du monde, je ne pouvais plus rien proposer, j'avais rien du tout. On vit au jour le jour, on ne peut plus faire de projet, on ne sait pas où on va, on en a tous marre".
Les premières pénuries se font ressentir en Guadeloupe. Alors que les barrages continuent de bloquer les principales routes de l’île, certaines zones éloignées de Pointe-à-Pitre et du port commencent à connaître des pénuries. C’est le cas de Saint-François, ville située sur la pointe est de l'île.
Pénuries d'essence et barrages filtrants
Les camions de livraison ne peuvent pas passer le barrage sur la principale route qui vient de Pointe-à-Pitre, alors Claudie, boucher, est allé se servir lui-même:
"Pour aller au port de Jarry, il y a 27 kilomètres, ça nous a pris 5 heures aller-retour. J'ai essuyé deux-trois barrages mais comme je connais un peu les routes, j'ai pris des détours et négocié avec certains gars qui m'ont laissé passer. Ce n'est pas simple".
Dans les supermarchés, certains rayons commencent à se vider, les œufs, le jambon viennent à manquer. Un client sort avec un caddie rempli de bouteilles d’eau: "J'ai fait une petite réserve de dix packs".
Les stations-services sont fermées, depuis samedi, elles ne sont plus ravitaillées: "Nous aussi, on subit cette même pression pour avoir du carburant et dès que les routes seront débloquées, on sera ravitaillés", assure à RMC une employée.
Alors les automobilistes économisent l’essence en évitant les grands trajets, mais si la crise persiste, certains craignent de se faire siphonner leur réservoir. En attendant, les autorités ont prolongé le couvre-feu jusqu'au 28 novembre.
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