"Si je pouvais m’endormir éternellement, ça m’arrangerait": face au manque de lien social, les étudiants en grande détresse
Les récents suicides dans la communauté ont mis en lumière la situation de grande détresse et de grande précarité de cette génération qui n'a quasiment plus aucun contact social depuis plusieurs mois.
De nombreux étudiants ont interpellé Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux et plusieurs pétitions demandent au gouvernement de remettre en place des cours en présentiel, à l'image de ce qui se fait dans les lycées.
Car il y a urgence à agir pour éviter de nouveaux drames. Exemple avec Eléa, une étudiante qui pousse un véritable cri de détresse, un appel à l'aide: "Je n’ai que 20 ans et la seule phrase qui tourne en boucle dans ma tête est: si je pouvais m’endormir éternellement dans mon sommeil, ça m’arrangerait".
"Le manque de projection se transmet par des idées parfois assez sombres"
Eléa a posté sa lettre à Emmanuel Macron il y a une semaine sur Instagram. Cette étudiante en deuxième année d'espagnol a mis des mots sur ce qu'elle subit depuis la fermeture des amphis.
"Comme on n’arrive plus à se projeter, on se dit à quoi bon faire ses études. Le manque de projection se transmet par des idées parfois assez sombres et on se demande pourquoi on continue parce qu’on ne voit pas le bout. Si cette vie est comme ça, pourquoi continuer?"
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A 20 ans, Eléa ne sort quasiment plus, uniquement pour prendre l'air ou pour aller faire ses courses. Elle demande au président de la République de pouvoir reprendre les cours en présentiel.
"Je lui demande juste de pouvoir retourner à la fac librement, étudier comme tous les lycéens et les élèves de primaire afin de retrouver un minimum de lien social, même si c’est une semaine sur deux ou en demi groupe, il n’y a pas de soucis. Au moins, qu’on retrouve l’accès à l’université. J’essaye de plus en plus de me dire qu’il faut que je vois au moins une personne par semaine. C’est essentiel. A travers les écrans, c’est très limité, ça ne suffit plus. Le vrai lien social, même si on a la distance et le masque, c’est important et ça fait du bien".
"Pourquoi en 2020 et 2021, des étudiants doivent se suicider pour être entendus?"
Des étudiants qui se sentent oubliés et qui attendent un signe du gouvernement. Sadek a 19 ans, elle est membre du collectif "Les Etudiants de la République" qui a lancé une pétition sur internet.
"On se pose des questions. Cette vague de suicides nous met en colère parce que ce sont des étudiants comme nous. On se demande pourquoi en 2020 et 2021, des étudiants doivent se suicider pour être entendus? C’est dramatique ce qu’il se passe. Il faut nous faire confiance, nous laisser parler et retourner en cours".
En attendant de reprendre cette vie normale tant espérée, Eléa continue de suivre ses cours, à distance, tant bien que mal.