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Soirées clandestines: comment s'organisent et se déroulent les fêtes cachées?

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DOCUMENT RMC - Malgré la crise sanitaire et les restrictions, des fêtes clandestines continuent. Et le processus est bien réglé.

Danser, boire et chanter, à 30 dans un appartement. Depuis janvier Samir a craqué... Tous les week-ends, il retrouve, en cachette, la fièvre du samedi soir: "Ça fait penser un peu à ce qu'on nous a fermé, aux bars aux discothèques: on peut dragouiller, danser s'amuser". 

Membre d'une communauté de fêtards sur les réseaux sociaux, cet ingénieur de 26 ans, ne fait jamais la fête au même endroit: "C'est des appartements différents, en général ça tourne pour pas que ce soit toujours la même personne qui nettoie, qui laisse son appartement".

Car chaque week-end, des fêtes ont lieu sur l'ensemble du territoire, au mépris des restrictions de circulation et des mesures sanitaires. Dans la nuit du vendredi à samedi les gendarmes ont mis fin à une soirée clandestine à Saint-Cyr-sous-Dourdan en Essonne, une cinquantaine de fêtards ont été verbalisés et 4 personnes placées en garde à vue. La nuit suivante, ce sont 130 personnes rassemblées près de Bastia qui ont été verbalisées. Une personne a également été placée en garde à vue. Ces fêtes clandestines, en plein couvre-feu, s'organisent souvent à la dernière minute pour gagner en discrétion.

Inscription sur les réseaux sociaux

Et pour y participer, tout se passe en ligne, notamment sur Facebook où il faut juste préciser ses motivations dans un questionnaire. Une fois admis, les propositions de soirées sont noyées autour d'autres publications proposant des cours de guitare ou de danse, donc ça ne saute pas aux yeux quand on rentre sur le groupe mais il y a deux manières de repérer des soirées.

Ce sont parfois des personnes lambdas qui postent des annonces: "Soirée chez moi samedi soir", par exemple. Dans ce cas-là, il faut leur envoyer des messages privés, une courte conversation s'engage avec soit l'organisateur de la soirée, soit l'un de ses proches.... Et si le courant passe vous êtes admis à y participer.

L'autre manière de faire, c'est de poster un message sur le groupe, à la cantonade sur le thème, "je recherche une soirée ce week-end, est-ce que quelqu'un a un plan?". Et souvent dans ce cas, c'est la fête qui vient à vous, parce que vous êtes démarché en message privé par des organisateurs de soirées. Mais mieux vaut être réactif parce que les annonces restent rarement plus de quelques minutes en ligne. avant d'être supprimées

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Test PCR ou antigénique "obligatoire"

Une fois inscrit, tout se passe sur téléphone. Pour plus de discrétion, on se retrouve intégré sur des groupes de conversation sur Whattsapp ou Telegram. C'est là que les adresses pour les soirées sont envoyées. Elle sont souvent postées au dernier moment, en général le soir-même. Et il y a toujours beaucoup de demandes. Les organisateurs refusent du monde. L'un un d'eux a précisé à RMC que pour une soirée de 30 personnes, il y a environ 60 demandes à chaque fois.

Et malgré les contrôles, Samir peut se rendre aux soirées en se déplaçant sans trembler: "Je sors grâce à mon attestation professionnelle. Je me suis déjà fait contrôler des dizaines de fois depuis le début du couvre-feu. Les 10 fois ça a totalement fonctionné".

Seul chez lui, Axel, organise ce genre de soirée, il mélange amis et inconnus en respectant la parité homme/femme et impose une règle d'or: "La règle est très simple, les invités font un test PCR dans la semaine et s'ils n'ont pas le temps un test antigénique dans la journée. C'est la condition sine qua non pour rentrer". 

Tout participant à ce genre de soirée, s'expose à une amende de 135 euros, pour non-respect du couvre-feu. En cas de récidive dans les quinze jours, l’amende pour non-respect du confinement est fixée à 200 euros. Si une troisième infraction est constatée en moins de 30 jours, le contrevenant risque alors 3.750 euros amende assortis de 6 mois de prison. 

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Maryline Ottmann et Alfred Aurenche (avec Guillaume Dussourt)