Suspectée d'avoir secoué son bébé, Fantine a été séparée de son enfant pendant près de trois ans

C’est la fin d’un calvaire long de trois ans pour Fantine Ratte. Cette mère d’un petit garçon a été séparée de son enfant pendant plus de deux ans et demi. Tout commence en février 2019 quand Fantine doit amener son jeune bébé de trois mois aux urgences dans un hôpital de l’Ain. Cet enfant, né prématurément et à la santé fragile, a déjà été hospitalisé à plusieurs reprises.
Rapidement pris en charge, un scanner montre la présence de lésions dont des hématomes sous-duraux chroniques.
“Ça veut dire que ça peut être un syndrome du bébé secoué. Et là, le regard des soignants va tout de suite changer. Je suis suspectée très rapidement. La médecin me demande ce que j’ai fait, elle me pose beaucoup de questions. Et de là, il a été transporté dans un autre hôpital à deux heures de chez nous”, raconte ce vendredi matin Fantine sur RMC.
C’est le début d’une très longue séparation avec deux jours plus tard un signalement de la part du médecin auprès du procureur de la République pour un syndrome du bébé secoué.
Le bébé est alors placé en pouponnière, et les parents n’auront le droit de voir leur fils que deux fois par semaine pendant 45 minutes. "Ce sont des visites avec la présence d’une éducatrice et d’une psychologue dans une pièce de 10 m2. Donc ce n’est pas super pour profiter de son enfant", explique-t-elle.
Un emballement judiciaire?
En juillet 2019, l’affaire prend un nouveau tournant avec le placement en garde à vue de Fantine et son mari dans le cadre de l’enquête. Une situation qui va s'éterniser jusqu’à mars 2021.
Le juge d’instruction prononce une ordonnance de non-lieu. Pourtant, une nouvelle fois, Fantine reste séparée de son fils. En effet, il reste placé et le couple n’a qu’un “droit d’hébergement” du jeudi au dimanche. “On a décidé d’écrire à la juge en avril 2021 pour lui expliquer que ce n’est plus possible, que les retours à la pouponnière sont trop difficiles. Notre fils grandit, il comprend tout. Donc c’est compliqué pour tout le monde”, témoigne Fantine.
Finalement, en juillet 2021, la juge promulgue le retour d’Auguste dans sa famille sans limitation.
"Aujourd’hui Auguste à 4 ans, c’est un enfant plein de vie. Les médecins ont souvent dressé un tableau bien noir de notre fils, mais non, il n’a aucun retard, il va à l’école comme tous les enfants”, appuie cette maman.
Elle a décidé de témoigner de son histoire, car selon elle, il y a eu des défaillances de la part des services de la Protection de l’enfance. Elle se dit que son histoire peut être celle d’une autre famille qui aurait aussi subi cet emballement judiciaire. Elle envisage d’écrire un livre sur son expérience.