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Suspension de la réforme des retraites: le PS salue un “pas dans la bonne direction”, LFI et le RN maintiennent la pression

Sébastien Lecornu, lors de son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, le 14 octobre 2025.

Sébastien Lecornu, lors de son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, le 14 octobre 2025. - Photo par THOMAS SAMSON / AFP

En annonçant la suspension de la réforme des retraites de 2023, Sébastien Lecornu a évité la censure et gagné du temps. Mais à gauche comme à l’extrême droite, les critiques pleuvent: les socialistes parlent de victoire partielle, quand les Insoumis et le Rassemblement national dénoncent une simple manœuvre politique.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé mardi 14 octobre devant l’Assemblée nationale la suspension de la réforme des retraites de 2023, une mesure exigée par les socialistes pour ne pas censurer le gouvernement et éviter une dissolution.

“Je proposerai au Parlement de suspendre la réforme jusqu’à l’élection présidentielle de 2027”, a déclaré le chef du gouvernement.

Concrètement, aucun relèvement de l’âge de départ n’interviendra d’ici janvier 2028, et la durée d’assurance restera à 170 trimestres. Sébastien Lecornu a aussi confirmé l’abandon du recours au 49.3, qui permet d’adopter un texte sans vote. “C’est la garantie que le débat ira jusqu’au bout”, a-t-il assuré.

Un répit pour l’exécutif?

Cette annonce met fin à plusieurs semaines de tension politique, alors que le gouvernement Lecornu I avait chuté dès son premier jour. Le Premier ministre, renommé vendredi, tente de désamorcer la crise et de rassembler une majorité introuvable depuis des mois.

Lecornu a confirmé la transmission au Parlement du projet de budget 2026, avec un déficit visé sous les 5%. Il a reconnu des “anomalies” dans la fiscalité des grandes fortunes et veut une contribution exceptionnelle des plus riches. Il a aussi annoncé une Conférence sur les retraites et le travail avec les partenaires sociaux, ainsi qu’un nouvel acte de décentralisation prévu en décembre.

L’opposition reste divisée

Le PS a salué un “pas dans la bonne direction”. Les députés PS sont prêts à faire le "pari" d'un débat dans l'hémicycle sur le projet de budget 2026, plutôt que de censurer cette semaine le gouvernement de Sébastien Lecornu, a annoncé dans l'hémicycle le chef du groupe Boris Vallaud.

"Nous faisons un pari, un pari risqué", a annoncé le député, en réponse à la déclaration de politique générale du Premier ministre qui a annoncé la mise au vote d'une suspension de la réforme des retraites. Saluant une "victoire" pour son groupe, M. Vallaud a toutefois laissé planer la menace d'une censure plus tardive en fonction des débats: "nous sommes capables de faire des compromis (...) Nous sommes capables de renverser un gouvernement", a-t-il lancé.

Tandis que Les Républicains se déchirent sur la suspension. Le vice-président du parti, François-Xavier Bellamy, juge que ce serait d'"une irresponsabilité absolue", mais il n'est pas favorable à la censure pour "ne pas aggraver le chaos".

Le patron des députés LR, Laurent Wauquiez, a donné la consigne de ne pas censurer le gouvernement aux membres de son groupe, dont une large majorité était favorable à la participation à l'exécutif contre l'avis du parti.

Le patron des Républicains Bruno Retailleau a accusé le gouvernement de Sébastien Lecornu d'être "l'otage des socialistes" pour avoir pris la décision "incompréhensible" de suspendre la réforme des retraites et pour son "silence sur l'immigration". De son côté, Marine Le Pen a dénoncé un budget “terriblement mauvais” et promet de censurer le gouvernement, accusant les socialistes de “magouilles” avec l’exécutif.

La suspension de la réforme des retraites est "une première victoire pour les 500.000 salariés qui en profiteront dès cette année", a salué le patron du Parti communiste, Fabien Roussel.

"La suspension de la réforme des retraites à 62 ans et 9 mois, 170 trimestres est une première victoire pour les 500.000 salariés qui en profiteront dès cette année (...) Poursuivons le combat jusqu'à l'abrogation et pour un financement juste !", a écrit sur X le dirigeant du PCF, dont les députés à l'Assemblée avaient avant le discours du Premier ministre annoncé leur volonté de voter la censure du gouvernement.

LFI dénonce une simple "temporisation"

Du côté de La France Insoumise, le député Manuel Bompard dénonce une simple "temporisation" de Sébastien Lecornu et appelle le PS à quand même voter la censure.

“Avec cette proposition, la génération née en 1964 gagnerait 3 mois sur l’âge de départ à la retraite alors qu’elle pourrait gagner 9 mois avec l’abrogation soutenue par une majorité de députés à l’Assemblée nationale. Pour toutes les autres générations, rien ne change puisque le pouvoir élu en 2027 pourra faire ce qu’il souhaite”, assure-t-il sur X (Twitter).

Jean-Luc Mélenchon n’en pense pas moins: “Et maintenant tout le monde va faire semblant de ne pas avoir entendu que la suspension de la réforme a une limite fixée. Ensuite, elle reprend son cours.”

Les députés écologistes, eux, voteront la motion de censure du gouvernement de Sébastien Lecornu, a confirmé mardi leur présidente Cyrielle Chatelain, malgré la suspension annoncée de la réforme des retraites.

"Le groupe Écologiste et social ira à la censure parce que nous sommes opposés à votre politique, mais tout particulièrement parce que nous refusons d'assister sans réagir à l'accaparement du pouvoir par Emmanuel Macron", a déclaré Cyrielle Chatelain, déplorant également une "petite suspension" de la réforme des retraites, alors que les écologistes avaient demandé son abrogation.

C.A