"Un symbole terrible": pourquoi la décision d'Olivier Véran de devenir médecin esthétique fait polémique

L'annonce fait des remous. Dans une interview au Figaro, l’ancien ministre de la Santé et porte-parole du gouvernement Olivier Véran a confirmé qu'il renfilerait la blouse blanche, non pas pour redevenir neurologue, mais médecin esthétique.
L'ancien ministre de la Santé, qui a repris son mandat de député après avoir quitté le gouvernement, exercera à la clinique des Champs-Elysées où se pratiquent les injections de botox et la cryolipolyse notamment. Il s'est défendu à l'AFP en avançant que la neurologie avait "très fortement" évolué depuis son départ du CHU de Grenoble et "que l’étiquette de ministre (...) perturbait la relation thérapeutique".
Des arguments qui font bondir ses confrères médecins au moment où le système de soins craque de toutes parts et où la démographie médicale est un enjeu crucial.
La médecine esthétique, ce n’est “pas l'urgence du moment”, ironise Cyrille Venet, anesthésiste réanimateur au CHU de Grenoble et donc ancien collègue du neurologue Olivier Véran.
“Il y avait beaucoup de collègues qui étaient très émus. Il y a un petit côté abandon dans cette décision qu’il prend. Il y a besoin de toutes les spécialités, mais nous par exemple, dans le nord du département, on ne peut pas prendre en charge correctement les accidents vasculaires cérébraux parce qu’on n’a pas assez de neurologues”, dénonce-t-il.
Vers une régulation de la médecine esthétique?
“Ça ne fait qu’augmenter. Soit les médecins arrêtent complètement la médecine générale, soit il continue, mais un jour par semaine. J’estime aujourd’hui qu’environ 30% des médecins se sont réorientés vers d’autres pratiques sur au moins 50% de leur temps. Donc ce n’est pas du tout négligeable comme temps médical perdu”, décrit réclament une meilleure rémunération, souligne Patricia Lefébure, amère.
“Ça ne fait qu’augmenter. Soit les médecins arrêtent complètement la médecine générale, soit ils continuent mais un jour par semaine. J’estime aujourd’hui qu’environ 30% des médecins se sont réorientés vers d’autres pratiques sur au moins 50% de leur temps. Donc ce n’est pas du tout négligeable comme temps médical perdu”, décrit la présidente de la Fédération des médecins de France.
L'Ordre des médecins veut réguler la médecine esthétique et instaurer notamment une formation et des évaluations. Il doit rencontrer ce jeudi à ce sujet la nouvelle ministre de la Santé, Catherine Vautrin.