Violences sexuelles sur mineurs: un coût de 10 milliards par an, selon la Commission inceste

Le juge Édouard Durand est le co-président de la Ciivise depuis janvier 2021. - AFP
"9,7 milliards d'euros, c'est ce que les agresseurs nous coûtent chaque année", selon un avis de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, qui sera publié lundi. Selon la Ciivise, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France et 5,5 millions d'adultes ont été victimes dans leur enfance, le plus souvent au sein de leur famille.
Sur les 9,7 milliards d'euros, 3 milliards sont des dépenses engagées en réponse immédiate et ponctuelle: accompagnement des victimes, services de police, de gendarmerie et de justice, prise en charge médicale immédiate.
Le coût principal concerne les conséquences à long terme
Mais le gros du coût total de ces violences est lié aux conséquences à long terme sur la santé des victimes, leur vie intime, sociale et professionnelle.
Le cabinet estime à 6,7 milliards chaque année le montant des dépenses induites par le psychotraumatisme et des richesses non créées, dont notamment: 2 milliards pour les troubles mentaux, 1 milliard pour les consultations médicales, 2,6 milliards d'euros de dommages liés à des conduites à risque.
La perte de productivité - liée à la sur-représentation des victimes parmi les personnes au chômage ou bénéficiaires des minimas sociaux - est évaluée à 844 millions d'euros.
Traiter les traumatismes pour réduire ces pertes
Pour réduire ce coût collectif, la société doit investir dans la prévention des violences sexuelles (repérage rapide, mise en sécurité de l'enfant...) et les soins spécialisés pour traiter les traumatismes qui empêchent les victimes de vivre normalement, préconise la Ciivise.
Dans son avis publié lundi, elle détaille "un parcours de soins spécialisés du psychotraumatisme" pour les enfants et adultes victimes de violences sexuelles dans l'enfance, en 20 à 33 séances, qui seraient "prises en charge par la solidarité nationale".
Les victimes mettent en moyenne entre 10 et 13 ans pour trouver un suivi médical spécialisé en France. Et la grande majorité des professionnels de santé ne font pas le lien entre l'état de santé du patient et les violences subies des années auparavant, note la Commission